29 décembre 2006

Voeux pieux ?

Cher Philippe,

Il est d'usage de commencer l'année par des bonnes résolutions: pour ma part, je préfère la finir par des voeux, et sans vouloir te commander, vraiment, mon voeu le plus cher pour 2007, ce serait d'avoir un peu de répondant. Entends-moi bien, dans la vraie vie, je n'en manque pas, de répondant, mais sur ce blog, ça devient un peu lugubre d'entendre ses propres paroles résonner dans le vide.
Alors toi aussi fais un geste, même juste un signe, tiens, je te propose une chose: tu vas dans les commentaires, et tu écris juste "RIP". Comme ça personne ne sait ce que ça veut dire, chacun peut imaginer ce qu'il veut, et ça ne dit rien de qui écrit: tu en connais beaucoup, des gens qui écrivent "RIP" à des inconnues? Et puis personne ne saura si c'est vraiment toi, ou quelqu'un qui se ferait passer pour toi, enfin bref, tu vois que ça se tente.
Et ça me ferait vraiment plaisir. Or, comme j'ai été très très sage cette année, et qu'il ne me reste plus que deux jours pour voir mes efforts récompensés, c'est maintenant ou jamais.
Pour les bilans, ce sera demain, et les résolutions, après-demain.

A toi pour toujours,

Valentine

PS: cette belle image non pieuse, elle est d'Hervé Guibert, qui n'en finit pas de me fasciner, et dont je n'oublie pas que je dois te parler plus avant. Et je l'ai trouvée

27 décembre 2006

Banquet


Cher Philippe,

Banqueter. Inviter des amis à sa table. Régaler ses potes. Faire table ouverte. Rincer la compagnie. Se faire péter la sous-ventrière. S'en mettre jusqu'à derrière la cravate. Finir rond comme une queue de pelle. Ronquer comme un bienheureux.

Ou quand Noël rime aussi avec des trucs biens.

A toi pour toujours,

Valentine

25 décembre 2006

Fucking Christmas


Cher Philippe,

Le type qui a inventé Noël était sûrement de mèche avec celui qui a inventé la psychanalyse. Résultat, avant même d'y aller, tu sais que ça va être horrible, mais tu y vas quand même, parce que tu ne peux PAS ne pas y aller (33 ans de morale judeo-chrétienne ne se défont pas en un jour), et c'est au moins aussi atroce que ce que tu avais imaginé. Pire, même.
Heureusement, le même a aussi inventé la radio (qui permet de souffler pendant le marathon du marron), ses magiciens (toi, une fois de plus, grâce te soit rendue), le train (qui permet, in fine, de revenir à la vraie vie après le dit marathon, dans une vraie ville, avec des vrais gens, et pas que des pères Noël pendus aux fenêtres décorées d'immondes loupiottes). Il a aussi inventé les livres - bien pratiques pour rester deux heures dans son bain sans que ça paraisse louche -, d'ailleurs il a aussi inventé les bains (ah, le sauveur de l'humanité!), et leur version Maxi 45, les piscines, et enfin les baladeurs MP3, pour t'écouter : dans le train, en allant à la piscine, dans mon bain, à la table de Noël parce que de toute façon personne n'y écoute personne, alors personne ne risque de s'en offusquer.
Donc, si je résume, le seul problème, avec toi, c'est qu'on ne puisse pas te recevoir pour Noël.
Au début, je voulais dire 't'offrir pour Noël', mais si une telle chose était possible, jamais je ne concevrais de ne pas te garder pour moi. C'est un peu comme de parier un Banco, un Keno ou un Morpion avec quelqu'un que tu détestes, et de perdre : honorer ton pari, c'est risquer d'enrichir une personne que tu hais, ce qui est déjà affreux, mais en plus, avec la monstrueuse certitude que, là où jamais tu n 'as été foutue de dégotter un ticket gagnant, ou guère plus qu'un euro, ce ticket-là a, lui, toutes les chances d'être gagnant, et gros gagnant. C'est typiquement ce qu'en d'autres termes on pourrait appeler la double peine. Voire la triple : tu as perdu le pari, la face, et le sort.
Donc, si tu m'as bien suivie, si je pouvais t'offrir pour Noël, je te garderais pour moi, parce qu'avec ma chance, si je t'offrais à une autre (non merci, pas pour moi, mais, tu peux bien les offrir à une autre.... comme disait l'autre), tu serais bien foutu de l'aimer. Et ça, ce serait mille fois pire qu'un Noël pourri.
Ce serait si terrible que ça n'aurait de nom dans aucune langue.
Alors, sus à Noël et à ses sectateurs, haro sur la Française des Jeux, et vive toi, qui me sauves de tout le reste.

A toi pour toujours,

Valentine

19 décembre 2006

En sourdine


Cher Philippe,

Ce ne sont peut-être pas encore des larmes de sang que je verse sur nous, mais mon coeur est bien lourd de ne t'entendre point, et plus encore, de disparaître chaque jour un peu plus de la visibilité du monde...
En sourdine, en sourdine....


Tout de même moins excitant que la bonne tempête du même Verlaine - si tu ne me crois pas, va donc voir là :
Green

Moi aussi, cher Philippe, j'aimerais que ma fatigue, à tes pieds reposée, rêve des chers instants qui la délasseront.

A toi pour toujours,

Valentine

PS : ces larmes fantastiques, je les ai trouvées là :
larmes de pierre

18 décembre 2006

Toi, même au bout du monde

Cher Philippe,

Ce week-end, j'ai vécu une expérience qui m'a emplie d'une joie indicible. Alors que depuis cinquante et quelques semaines, c'est seule, et en général dans mon lit, que je t'écoute le dimanche matin, ce dimanche, c'est au loin, et entourée d'amis chers, que je t'ai entendu. Et surtout, que j'ai eu le bonheur de constater que ces amis chers t'aimaient autant que moi - bon, un peu moins, quand même, mais beaucoup. Même au pays de l'exagération, tes inventions furent fort goûtées et accueillies de francs éclats de rire, le tout en dégustant un plantureux petit déjeuner, qui, comme tes bons mots, allait nous rassasier pour un moment. Et comme mes amis chers sont des amis de bons goût qui ne rechignent pas à mater les beaux derrières, la question a fini par surgir : il est joli garçon, le Collin ? Tu imagines bien qu'aussitôt, je mourus d'envie de crier que oui, tu l'étais, et le plus joli encore, mais primo, si tu m'as bien suivie, tu sais que je n'en sais rien - même si plus je t'imagine et plus je t'imagine à mon goût, une espèce d'alpha male qui n'aurait pas oublié d'avoir un cerveau (et son mode d'emploi). Et secundo, toute manifestation excessive d'enthousiasme à ton endroit eût paru déplacée aux yeux de mes amis, qui ignorent tout de cet autel que je te dresse chaque jour. Alors je me suis contentée d'une réponse évasive, du type on le dit, mais on ne le connaît que masqué, ou, un type si fort ne peut pas être vraiment vilain. Ce faisant, en moi-même, je me suis sentie un peu dans ton secret, ton intimité, et j'ai bien aimé cette sensation.
Lovely.

Voilà, j'avais prévu de te parler aussi d'Hervé Guibert, choix assez éloigné de ce qui précède, tu en conviendras, mais l'heure tourne, et je ne voudrais pas hâter mes mots à son propos, non que je les hâte au tien, mais le tien, j'y consacre chacune de mes journées, tandis que le sien, je ne le louerai peut-être qu'une seule fois.
Et je voudrais prendre le temps de dire, de signifier le tout que ça me fait de le lire, l'incroyable gifle, l'incrédulité, la curiosité malsaine et l'admiration sans bornes. Alors ce sera pour la prochaine fois.

A toi pour toujours,

Valentine

Des bras, du chocolat

Cher Philippe,

Je manque de temps pour aujourd'hui, alors faisons-nous plaisir en attendant plus.

A toi pour toujours,

Valentine

13 décembre 2006

Rambo


Cher Philippe,

J'ai la grande chance d'appartenir à ce grand groupe qu'est le groupe Hachette, bien connu des amoureux de la culture, des philanthropes, des philosophes et des humanistes en tous genres. Depuis que j'en fais partie, je suis tombée de Charybde en Scylla, et j'ai pu prendre la mesure du vide abyssal sur lequel se construit, se reproduit et se congratule le petit milieu de l'édition, généralement germanopratin, mais parfois étendu aux rives beaugrenelloises du fleuve Seine. Mais aujourd'hui, alors que je subissais pour la troisième fois le raout des gens de bien de cette auguste maison (groupe tentaculaire serait peut-être mieux venu), réunis dans le magnifique hôtel particulier de la Maison de l'Amérique Latine, autour de petits fours, de conférences payées en ménages et de consignes infantilisantes de la Kommandante en chef Bignon, aujourd'hui, donc, j'ai été récompensée de tant d'efforts de public relations. Car l'invité du jour, ce n'était pas ce cuistre de Gilles Martin-Chauffier - personnage vain s'il en est, dont la conversation éphémère n'est même pas plaisante, ni même Serge Raffy, dont les titres de noblesse m'échappent, sinon qu'il est celui qui aura dit à la France entière que le père de Jospin était collabo, et que le gendre de Michel Noir était un débauché (and so what????). Non, le vrai invité, c'était Patrick Rambaud.
Et là, claque dans la gueule, grand éclat de rire, envie immédiate de lire un orateur si brillant, et si humain. Il ne ressemble à rien, le gars Rambaud : quand je l'ai recroisé, ensuite, dans l'escalier, j'ai peiné à le reconnaître dans sa veste si verte et si élimée qu'on aurait pu croire que son vieil ami Fasquelle ne lui avait pas donné sa dot depuis bien longtemps. Petit, malingre, malin et l'oeil vif pourtant, et surtout la langue acérée, j'ai vibré de ses paroles.
Puisse Arnaud Noury en prendre de la graine.
Alors j'attends avec impatience le jour où le parrain te chargera de lire un livre de Rambaud, le I, le II, ou le III.

A toi pour toujours,

Valentine

PS : fais-moi penser la prochaine fois de te parler de la manière dont les gens biens de chez Lattès se fourvoient. Autrement dit, de comment l'expression "la littérature, c'est d'abord du plaisir du lecture" doit se décrypter comme suit : "on vend de la merde, on le sait, mais ça rapporte".

11 décembre 2006

Vénus, c'est tout


Cher Philippe,

Je suis d'humeur radieuse, alors une Vénus pour se faire plaisir s'imposait.

Valentine

10 décembre 2006

Oui-oui

Cher Philippe,

Non, le titre de ce post n'a rien à voir avec les béni-oui-oui qui nous imposèrent, sur cette antenne bien aimée, une propagande affligeante de mépris dont on retrouve encore les traînées filandreuses dans quelques journaux dits de gauche, et qui, à ce compte là, ne devraient pas tellement s'étonner de perdre leurs lecteurs - tout comme France Inter ses auditeurs en son temps, du reste. Si tu ne me crois pas, va donc voir l'incroyable tribune de Jean Quatremer dans libé du 8 décembre, ça nous ramène aux heures les plus glorieuses du débat référendaire.
Mais ce n'est pas de ça dont je vais te parler, d'autant que si je le faisais, ça me mettrait certainement de très mauvaise humeur de devoir songer de nouveau que, sur certains sujets, certaines opinions n'ont pas droit de cité, et sont systématiquement transformées en une source de mépris et de dénigrement des personnes.
Je ne vais donc rien en dire, mais t'entretenir d'une absence qui me semble curieuse, dans ton émission de ce matin, je veux parler de Oui-Oui.
Oui-Oui le taxi. N'est-il pas, à sa manière, le meilleur d'entre nous ?
Tu imagines Oui-Oui te tenir des propos racistes ou écouter radio Courtoisie à 3 heures du matin ? Tu peux concevoir Oui-Oui essayant de gruger Potiron en faisant mille détours au pays des jouets pour conduire son client à sa maison champignon qui se trouve à moins de deux cents mètres de là ? Tu imagines Oui-Oui refuser de prendre en charge Monsieur et Madame Bouboule sous prétexte qu'ils habitent de l'autre côté du périph'? De charger Mademoiselle Chatounette parce qu'elle a un caractère de cochon? Ou te racketter à la sortie, au point de te donner des envies de meurtre?
Non, trois fois non, bien sûr. Alors je te le redis, vraiment, tu aurais pu lui faire la place qui lui revenait dans ton émission. En même temps, à ton élocution du matin, j'ai comme l'impression que tu n'as pas sucé que des glaçons hier soir, et par conséquent, cet oubli peut se comprendre. A défaut de s'excuser. Mais qu'on ne t'y reprenne plus.
A part ça, c'était bien. Pas à se taper le cul au plafond en chantant l'Internationale, mais bien.

A toi pour toujours,

Valentine

08 décembre 2006

Disparition


Cher Philippe,

J'avais prévu de te parler de quelques vers du Cid qui me donnent à chaque fois que je les entends, et encore plus, à chaque fois que je les lis à haute voix, que je les passe au gueuloir comme disait Gustave, ces vers qui donnent, donc, le sentiment que, oui, le sublime existe :

Pleurez, pleurez mes yeux, et fondez-vous en eau,
La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau,
Et m'oblige à venger, après ce coup funeste,
Celle que je n'ai plus, sur celle qui me reste.

J'avais eu aussi envie de te parler de cet incroyable pastiche d'Angot, qui narre l'improbable rencontre de cette folle furieuse à la plume si lourde et de Doc Gyneco.

http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com (à la date du 30 novembre 2006)
C'est tellement bien fait que je n'ai d'abord pas vu la contrefaçon, et que j'ai failli appeler petite meuf - la fille qui bosse avec moi et dont je loue chaque jour l'existence, sans elle ce serait mortel - pour lui demander si elle savait qu'Angot kiffait Gyneco.
Mais une fois encore, je ne vais pas parler de ça, en tout cas pas maintenant, vu qu'un autre problème, autrement plus grave, vient de se présenter à moi :
la disparition de ce blog à ta gloire des archives du Net.
Si je nous trouve toujours sur blogger, en revanche, c'est mort sur google. Et je peux te promettre que j'ai fait mille fois le test, que j'ai essayé toutes les possibilités, celles qui fonctionnaient encore jusqu'à ce matin, et qui sont devenues caduques.
Autant te dire que mon post publicitaire de l'autre jour a été d'une efficacité rare.
C'est dramatique, tu en conviendras, parce que si on ne nous trouve plus sur Google, comment vas-tu faire pour me découvrir ?
Mais là n'est pas le pire. Car sais-tu seulement ce que j'ai pensé en découvrant l'affaire ? J'ai songé, j'ai honte de l'avouer mais il le faut, j'ai songé, mon amour, que tu étais tombé sur mes pages, que tu les avais haïes, et que tu les avais signalées comme étant illicites, les marquant ainsi d'un sceau d'infamie indélébile. Fébrilement, je me connectai le coeur battant, et découvris avec un soulagement indescriptible que ce n'était pas le cas. Ou qu'en tout cas, si censure il y avait eu, qu'elle n'avait pas visé l'objet, mais son exposition et la publicité y afferante - autrement dit, le disposifif officiel de censure des livres, tel qu'il existe en France, transposé au Net.
Fort, très fort...
N'empêche, je ne vais pas me laisser faire, et vais bien trouver un moyen pour remonter l'Everest du pays des lunettes de plongée.
Et quand ce sera fait, je pourrai t'expliquer, en toute quiétude, pourquoi Corneille ne fait pas un pli.

A toi pour toujours,

Valentine

06 décembre 2006

Niklaus

Cher Philippe,

Aujourd'hui, c'est la saint Nicolas, et du coup, tout ce que j'avais prévu de te dire passe un peu au second plan.
Ainsi, je ne te dirai pas pourquoi je t'ai choisi toi, toi et pas un autre - pourquoi pas Bonnaud, par exemple, après tout, ça aurait pu, il est plus connu, il parle bien, plus souvent que toi, il a su se faire tout plein d'entrées dans le petit monde buzzatique de la culture et pourtant il donne toujours l'impression de connaître, et de comprendre, les sujets dont il parle. Pourquoi pas un bien plus connu, ça, ça peut se comprendre : imaginons un instant que j'aie jeté mon dévolu sur, allez, disons Romain Duris. Je l'admire aussi, lui, et pas seulement parce qu'il y fait atrocement penser. Non, son jeu me convainc. Aussi. Eh bien, Duris, ça m'étonnerait fort qu'il en soit encore à scanner le web en quête de témoignages de reconnaissance. Non que je t'imagine en train de le faire - sinon nous nous serions déjà trouvés - mais tu pourrais. Connu mais pas trop, le début de la gloire mais toujours un pied du côté de la vraie vie, je pourrais te définir comme ça. Certes, me diras-tu, mais Bonnaud aussi, non? Eh oui, Bonnaud aussi, mais comme c'est la saint Nicolas, je ne vais pas avoir le temps de t'expliquer.
Pas plus que je ne vais pouvoir, comme j'en avais l'intention, te narrer la folle aventure qui m'arriva tantôt, et comment je me retrouvai bien malgré moi dans une réunion corporate à subir un lavage de cerveau en règle dont je me demande encore s'il est la préfiguration de ce qui m'attend dans cette atroce entreprise, ou s'il couronne ce que j'y ai déjà vécu. Dans tous les cas, ça m'a confortée dans l'idée de ne plus laisser une seule seconde de mon temps de cerveau disponible pour cette mascarade capitaliste, mais de cela encore, je ne vais pas te parler. Quant à la manière dont, alanguie sur mon canapé, je laisse mon attention divaguer jusqu'à ce que ta voix, sortie des ondes, emplisse mon salon et me sorte de ma douce torpeur en me donnant de délicieuses palpitations au coeur, c'est une telle évidence que les mots ne sauraient la décrire.
Non, tout cela n'est rien comparé à la saint Nicolas. Attention, je te parle du vrai Nicolas, pas du petit énervé qui se rase en pensant à nous (atroce, cette idée que des personnes que l'on déteste peuvent se donner du plaisir en pensant à nous, non ?), ni du petit gars qui fait bêtise sur bêtise avec ses potes Eudes et Rufus, ni enfin du petit Nico qui crie dans le poste durant le cetnoeuftrante - je l'aime bien, lui, même s'il serait bon qu'il apprenne à poser sa voix, ça m'éviterait des réveils militaires pas toujours heureux.
Le vrai Nicolas, lui, il était hyper plus fort que tous ceux là réunis (et tous les autres, mais bon, je vais pas tous les citer, hein?). Lui, il faisait comme ça avec ses mains, ou encore comme ça, il mettait ses doigts comme ça, et puis comme ça, et hop, c'était plié. Il arrivait, il prenait sa tête de saint Nicolas, celle avec des yeux comme ça et le sourire qui va avec, un geste du bras, trois mots, et paf, ça le faisait.
Autant te dire que c'était pas le genre de gars à qui on aurait osé coller un audit performance.
Alors comme c'est sa fête aujourd'hui, même s'il est mort depuis au moins dix mille milliards d'années, on va pas se gêner pour la lui faire, sa fête. Pour le modus operandi, je te laisse libre d'agir à ta guise, pour ma part je pense que je vais appeler un Nicolas de mes amis, et qu'après quelques coupes de Ruinart, nous nous ferons plaisir avec des gestes comme ça, comme ça, et puis comme ça. Et à mon avis, ce sera rien que du bonheur.
C'est ça qui est bien avec la saint Nicolas.

A toi pour toujours,

Valentine

Talion


Une pub, un chef-d'oeuvre : l'alternance me paraît honnête / salvatrice

05 décembre 2006

Minute à caractère informatif


Cher Philippe,

Tu le sais mieux que moi sans doute, on n'a rien sans rien. Or, comme il est hors de question que je reste à me tourner les pouces et à me ronger les sangs devant mon écran en attendant que ton auguste regard tombe sur mes humbles lettres, il est temps d'aller au devant du succès, et de recourir aux techniques les plus éprouvées, et les plus méprisables, pour faire un bond quantitatif sur Google dans les hits les plus recherchés.
Le tout sous l'égide d'une marque de champagne, parce que même lorsqu'on renie ses valeurs les plus ferventes, il est bon de le faire avec classe et distinction.
Dont acte.

Sexe, érotisme, cul, pipe, video :ceux-là, pas besoin de les expliquer...
Panique au mangin palace, Frédéric Bonnaud, France Inter, Bande à Bonnaud:
ceux-là, ce n'est pas qu'ils soient connus, mais on risque bien de les rechercher en même temps que toi...
Ségolène Royal ; PS ; élection présidentielle ; 2007 ; TGV Est (et pourquoi pas???):
je t'avais prévenu, c'est du lourd.
Tetesaclaques ; Florence Foresti ; Djamel Debouze ; Kamini ; Lost :
du buzz bankable comme on dit à aujourd'hui.
Noël, cadeaux de noel, DVD, MP3, téléchargement, Apple :
opportuniste et impactant.
Six Feet Under, Harry Potter, Zidane, Beatles :
back to basics

Voilà.
Il ne me reste plus qu'à te garantir que dès que je t'aurai touché, j'effacerai ces posts vils et mercantiles.
Je t'en fais la solennelle promesse sur ce que j'ai le plus cher, toi, donc.

A toi pour toujours,

Valentine

Vienne la nuit, sonne l'heure

Cher Philippe,

Aujourd'hui, je suis un peu fâchée, ou bougonne, car le temps passe, et tu ne viens pas, pas encore, je sais, mais que veux-tu, je tremble d'impatience à l'idée de te serrer dans mes bras et de sentir enfin ton souffle sur ma nuque, tes lèvres sur les miennes, tes mains sur les courbes embrasées de mon corps...
Mais mon bien aimé, si tu ne viens pas, comment veux-tu que nos yeux se rencontrèrent ?

En attendant que ce jour béni arrive - peut-être pas sur un bateau, non, et je ne porterai pas de châle, Dieu m'en préserve - que dois-je faire pour te plaire, mon bien aimé ?

Dis-moi, et tu seras exaucé.
Demande, et tu recevras.
Exige, et tu seras comblé.

Mais toi, que feras-tu, en cette tendre nuit ? Me verras-tu, rougiras-tu, pâliras-tu à ma vue ? Parieras-tu sur toi-même que tu me baiseras la main, sous peine de passer pour indigne ? Demanderas-tu qui est cette dame, là-bas, qui enseigne aux torches à briller clair ? Ou bien n'aimeras-tu pas comment je serais habillée, cette étoffe que tu n'auras pas choisie ? A moins, enfin, que tu ne trouves mon profil trop accusé, ma peau trop fragile, mes pommettes trop saillantes, mes traits trop tirés...
Tu vois, mon doux ami, il existe mille façons de tomber amoureux, et je suis sûre que celle qui nous est réservée sera sublime.

A condition, bien sûr, que tu ne laisses pas filer l'heure...

A toi pour toujours,

Valentine


04 décembre 2006

Piqure de rappel


Cher Philippe,

Cela fait presque un mois que je t'entretiens, et il peut être bon de revenir sur les fondamentaux - imagine, si tu débarques seulement maintenant, tu risques d'être un peu surpris.
Dont acte.


Cher Philippe,

Je sens bien que ça va te surprendre, un blog juste pour attirer ton attention afin de finir dans tes bras, et surtout à ton bras, à la mairie avec tout le tralala, et tu auras raison d’être surpris. Mais enfin, d’abord on ne choisit pas, hein, et puis, avoue que ça change des plans qu’on a déjà vus partout. Sans compter que ça fait très moderne, ça, un blog pour t’épouser. Un peu comme une version 2.0 de Meetic, mais en drôlement plus fort : sur Meetic, je pourrais chercher un homme parmi d’autres, et faire mon petit marché parmi une liste de surnoms plus ou moins crétins, alors que là, non. C’est même tout le contraire, et je le dis haut et fort : je ne veux que TOI. Et je le jure le cœur sur la main, ou l’inverse, Brad Pitt pourrait bien se présenter ici et prétendre à ma main, je le renverrai avec mépris. Certes, je te l’accorde, il est fort peu probable que Brad Pitt se livre à une telle déclaration sur ma personne, mais on ne sait jamais.
Et puis, moi aussi, je suis Jolie. Bon, d’accord, tu ne peux (presque) rien en savoir sur ce blog, et il va falloir me faire confiance sur ce point. Mais c’est de bonne guerre : après tout, moi non plus, je ne sais pas si tu es joli. J’ai bien un vague souvenir d’avoir vu ta photo traîner dans un magazine, mais tout cela est lointain, et flou, et je dois dire que je n’ai rien fait pour essayer de googler ta bobine. Non, mon amour est bien au-dessus de ça, et là encore, je te l’affirme, fusses-tu laid à faire peur, fusses-tu affligé de la pire des infirmités, je t’aimerais quand même. Enfin, ce n’est pas une raison pour me dépêcher Sim à notre premier rendez-vous, uniquement pour savoir si mon cœur est aussi ferme que mes déclarations. Si tu m’aimes, une simple déclaration de sincérité te suffira.
Car vois-tu, Philippe, moi je t’aime sans concession. Et ce depuis le tout début. Depuis Comme un ouragan – bon, d’accord, là j’ai vérifié sur le Net, mais tu ne peux pas m’en vouloir, parce qu’à l’époque j’étais amoureuse de quelqu'un d’autre, et puis surtout c’était les vacances, alors j’écoutais d’une oreille encore un peu distraite, même si je m’en repends amèrement aujourd’hui, tu t’en doutes. Mais c’est promis, à partir de Charivari, et surtout, depuis la Panique, je crois que tu n’as pas eu fan plus fidèle que moi. Rends-toi compte, avant même l’invention du podcast, je bidouillais mon ordinateur pour capter le flux de ta chronique et me la repasser en attendant la suivante. C’est pour dire. Ah et puis, tu verras, je dis « la Panique », c’est un diminutif un peu rapide, mais c’est surtout affectueux, depuis le temps, j’ai un peu l’impression que ça m’appartient à moi, aussi. Enfin, il suffit que tu me dises que ça te gêne, et j’arrêterais tout de suite.
Je t’aime sans concession, donc, et ne t’attends ainsi pas à ce que je fasse le moindre compromis sur la nature de notre relation.

A toi pour toujours,

Valentine


03 décembre 2006

Economies


IL FAUT ETRE ECONOME DE SON MEPRIS
COMPTE TENU
DU GRAND NOMBRE DE NECESSITEUX

Writings, III

Cher Philippe,

Writings, III, parce que c'était le titre de la photo que je ne parviens pas à poster, trop lourde, paraît-il. Même jusque sur les blogs, le diktat de la minceur fait donc des ravages.
Des livres qu'on déchiquette, des enfants terribles, des feuilles qui volent, des bancs qui se vident, et des couleurs froides ; des postures hiératiques, l'un qui sait partir, et l'autre qui reste scotché à son banc ; des enfants qui n'en sont déjà plus, des livres qui n'en sont pas : voilà, en quelques mots, un résumé de l'ambiance de mon week-end.
Du genre de ceux qu'on préfère ne pas avoir à répéter trop souvent - le corps n'y résisterait pas, je crois.


A toi pour toujours,

Valentine

29 novembre 2006

La pente est raide (mais la route est droite)

Cher Philippe,

J'écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf.

J'étais devant mon poste (enfin c'est une image, depuis longtemps tu ne sors plus par le poste, mais par l'ordinateur), et je frissonnais en t'imaginant face à la Despentes, bien fragile, même sous ton masque de mauvais garçon. Et pour t'avouer la vérité, j'étais assez contente de t'imaginer tremblotant face à celle que, il y a quinze jours à peine, j'aurais encore conchiée avec la meute, et que, depuis la lecture de son virulent opus, je me prends à regarder avec une grande amitié.
Il y a quinze jours, je t'aurais dit : "Quoi, VD, cette radasse mal baisée qui écrit avec sa chatte et qui se la pète en voulant couper les couilles des mecs?" (bon, je te l'accorde, ce faisant, j'aurais été un peu vulgaire, mais on a beau avoir appris les bonnes manières - ou pas - ça finit toujours par ressortir. Et en plus j'aime ça). J'aurais sans doute ajouté : "cette espèce d'hommasse qui se dissimule derrière des théories féministes à deux euros cinquante, qui enfoncent paradoxalement les femmes en les rejetant dans une opposition crétine, systématique et caricaturale?" Et j'aurais conclu : "Cette mal baisée qui croit encore qu'il faut en passer par des détours pseudo-littéraires pour parler et écrire cul, et dont les livres ne font vraiment bander personne?". Bref, tu vois, j'aurais été très dure. Et puis, les hasards de la vie, hein, il se trouve que pour fêter mon entrée dans l'âge du Christ, une mienne amie m'a offert le dernier jet d'encre de la demoiselle VD. Tu imagines ma tête... Oh, super, je ne l'avais pas lu (tu m'étonnes), justement, je l'ai entendue à la radio l'autre jour (enfin, je l'ai entendue en direct d'un taxi pestant connement contre les embouteillages, qui l'empêchaient d'être à l'heure à la Maison de la Radio, alors que si elle prenait le métro comme tout le monde, la conne, ça ne lui serait pas arrivé), et j'étais curieuse de la lire (pour voir si elle aurait le cran de coucher noir sur blanc les conneries qu'elle disait en passant depuis son taxi).
Eh bien je dois l'admettre, je me suis pris une grande claque dans la gueule.
Dès les premières pages, ça s'est mis à résonner. Attention, ne va pas t'imaginer que je ressemble à la pauvre fille que ton odieux prof d'histoire de Brest a humiliée pour la vie, et que c'est pour ça que ça résonnait. Non, ça résonnait parce que les stratégies pour être une femme, et s'en défendre en même temps, j'ai le sentiment de ne faire que ça.

Les femmes se diminuent spontanément, dissimulent ce qu'elles viennent d'acquérir, se mettent en position de séductrices, réintégrant leur rôle, de façon d'autant plus ostentatoire qu'elle savent que - dans le fond - il ne s'agit plus que d'un simulacre.

Evidemment, ça ne doit pas te parler beaucoup, mon cher Philippe, mais fais un effort, tu peux comprendre - d'ailleurs, quand elle t'a gentiment expliqué (enfin gentiment, c'est une façon de parler, à l'entendre, on avait plutôt l'impression qu'elle était sur le point de te coller une droite), tu as fini par comprendre.
Alors je vais m'arrêter là, et c'est promis, la prochaine fois, je te parlerai de choses plus viriles, de Nick Hornby, par exemple, et de ma phrase préférée :

Pour parler métaphoriquement, le plein sens de la mort, c'est qu'elle risque fort de survenir avant que tous les principaux championnats aient eu lieu.

C'est dans Carton jaune, et si tu ne l'as pas lu, honte à toi.

A toi pour toujours,

Valentine

26 novembre 2006

A moi, avec moi et en moi

Cher Philippe,

Requinquée par cette dive bouteille dont je t'ai parlé tantôt, j'ai retrouvé le chemin du direct, et c'est avec un plaisir non dissimulé que je t'ai écouté ce matin. Et sur un thème, bien sûr, où tu ne pouvais être que brillant.

Et Dieu sait si tu le fus.

Merci, donc, pour ces minutes de rire gagnées sur une matinée plutôt rongée par la grisaille, merci pour ces extraits que je ne connaissais pas et qui m'ont donné très envie de voir OSS 117, et puis merci d'être là : c'est vrai, quand j'y pense, je n'ai qu'à allumer ma radio à une heure précise, et je sais que tu seras là. Quelle que soit la soirée que tu auras passée la veille - entre nous soit dit, d'ailleurs, je préférerais que tes soirées soient un peu mornes, pour que le contraste te captive à jamais quand, enfin, nous nous rencontrerons. Enfin en attendant, tu es là, et c'est bien. Il y a peu de choses dans la vie dont on peut être aussi sûr que de ta voix dans mes oreilles le dimanche matin, ça n'est pas rien.
Et ce qui serait bien, en fait, ce serait que tu y sois aussi aux autres heures, les autres jours, tout le temps, en somme. Comme ça il y aurait toujours une possibilité de bonheur au bout du tuner. Mais, comme je ne te souhaite pas non plus de t'épuiser au travail, je comprends bien que ce n'est pas humainement possible. Et même si tu as une tendance certaine à la surhumanité, je préfère te dispenser de cette tâche radiophonique, et te proposer en échange de m'épouser. Parce que, avouons-le, je me fous bien du plaisir que tu apportes à d'autres (et pour être honnête, quand j'y pense, il me rendrait plutôt jalouse de toutes ces gourdasses qui rient peut-être de tes farces en même temps que moi...), et la seule chose qui me compte, c'est que tu me fasses plaisir, à moi. Je sais, c'est égoïste, mais quoi? Je n'ai jamais prétendu être Mère Teresa non plus.
Ainsi voilà une raison de plus pour que tu sois à moi, avec moi et en moi.

A toi pour toujours,

Valentine

PS: je sais qu'il est plus politiquement correct de préférer Sean Connery à tous ses avatars, mais voilà, moi je kiffe Pierce Brosnan. Et grave, encore. Alors autant te faire une raison : le poster de James au mur de la chambre des nains, ce sera avec Pierce. C'est arbitraire, mais en échange, tu auras d'autres prérogatives : tiens, par exemple, je m'engage à soutenir la même équipe que toi. Je veux dire, à part l'équipe de France, ça va de soi. Pour l'instant je soutiens l'OM et l'ASNL, rien ne m'empêche de rajouter un troisième club à ce qui constituera alors une bien curieuse triade. Et je t'aime tant que je pourrais même, si tu insistes, renoncer à l'un de ces deux clubs. Tu vois, moi aussi je peux faire des concessions - c'est important dans un couple.

Paul Bert

Cher Philippe,

Il est tard, je suis repue, légèrement enivrée d'une adresse que vous conseillâtes tantôt et que je pratiquais depuis longtemps déjà, le Bistrot Paul Bert, dans le XI°.
As usual, excellent.
Sans parler du vin, exceptionnellement ouvert pour mes 33, gigantissime.

Ahh............


Comme j'aimerais que notre première nuit soit aussi douce, exquise, sublime, étonnante, dingue, que ce Gevrey-Chambertin;
Je sais ce que tu vaux et crois ce qu'on m'en dit, cher Philippe. Et je suis sûre que tu vaux encore mieux qu'un Echezeau.

A toi pour toujours,

Valentine

25 novembre 2006

Fucking shrink

Cher Philippe,

Normalement, je m'étais promis de ne pas faire ça, mais c'est plus fort que moi ce soir: si tous les psys étaient peintres, au moins, se laisser racketter aurait du sens esthétique.
C'est dit.
Mais laisse-moi reprendre où je me suis interrompue hier, au moment de te dire que je t'écoutais moins. Le dimanche, je dors de plus en plus, mais ça finira par me passer avec les beaux jours, et puis, comme je te le narrais, je te podcaste. Et j'ai beaucoup aimé tes chats, du grand Collin, mâtiné de ces sauts conceptuels qui me ravissent - ah, le lien de Boney M aux chats, il fallait le trouver. Ta cabane au Canada, en revanche, n'étaient les extraits de C.R.A.Z.Y., m'ont à peine tiré un sourire - peut-être parce que depuis Juppé, le Canada n'est plus drôle, même malgré ce putain d'accent? Enfin, si l'on excepte les ti-papoutes et le willy woller 2006 (two-thousand-six) qu'on trouve sur Têtes à claques TV
http://www.tetesaclaques.tv
Heureusement, mon cher Philippe, que les missions du parrain te donnent l'occasion de bien balancer - au hasard Beineix versus Iggy Pop, c'était rien que du bonheur.

Pourvu que ça dure.

A toi pour toujours,

Valentine



23 novembre 2006

La vie à en mourir




Cher Philippe,


Est-ce le fait de t'écrire qui fait que je ne t'écoute plus avec autant d'impatience? Je ne saurais le dire, mais ce qui est vrai, c'est que j'ai séché les trois dernières Paniques - pour la bonne cause, hein, je dormais après des nuits enfiévrées à penser à toi dans d'autres bras que les tiens, je m'entraînais, en quelque sorte. Je les ai séchées, mais j'en ai écouté deux quand même - et j'en profite pour ouvrir une parenthèse : dirais-je jamais assez tout ce que je dois à l'inventeur du podcast, qui m'a enfin libérée d'une tâche ingrate à laquelle je m'adonnais jadis? A savoir enregistrer via un vieux dictaphone la radio en direct, puis, avec un peu plus de rigueur, les émissions en écoute sur le Net - là au moins je pouvais choisir le bon moment pour enregistrer, ou recommencer si pendant l'enregistrement mon voisin se mettait à jouer de la perceuse ou de tout autre instrument haïssable. Et enfin à enregistrer le flux direct de mon ordinateur grâce à des logiciels bidouillés qui fonctionnaient une fois sur deux, ou plutôt même sur trois, du type Bleucanard - avec un tel nom j'aurais dû me méfier dès le départ, je l'admets.
Sans tomber dans le cétélebontan, ces bidouillages sympathiques m'ont apporté mes meilleurs moments de radio. Notamment la fois où je suis retombée, par hasard, sur le plus beau reportage du monde, celui que j'avais déjà entendu une première fois alors que je roulais sur une route de campagne, et qui m'avait tellement émue que j'avais dû me garer sur le bord de la route pour laisser couler mes larmes. Je le gardais en moi, si triste de ne pouvoir en parler qu'avec des mots bien petits à tous les gens que j'aimais et à qui j'aurais voulu faire partager cet incroyable bonheur, et puis, un jour, alors que je n'allais pas très bien, j'ai allumé la radio, et j'ai entendu de nouveau ce reportage, déjà bien entamé, presque au moment où il m'avait fait pleurer. Et là, miracle, alors que je n'utilisais plus de cassettes depuis des lustres, j'en ai découvert une dans la petite chaîne sur laquelle j'écoutais la radio - quel Dieu inexistant avait bien pu la placer là? Sans hésiter, sans me demander ce que je risquais d'effacer, j'ai appuyé sur les mythiques touches REC et PLAY, et j'immortalisais ce splendide moment. Quelques années plus tard, j'ai retrouvé ce reportage en ligne, et je l'ai téléchargé. Mais j'ai eu la grande surprise de constater que le montage n'était pas le même, et que ma vieille version crachotante et mega chiante à caler au bon endroit était dix mille fois plus émouvante.
Ce reportage, c'était La vie à en mourir, d'une émission de Daniel Mermet, et le passage qui m'a tant fait pleurer, c'était la lettre de Manouchian à Mélinée, sa femme.
Et je ne peux toujours pas l'écouter aujourd'hui sans avoir les larmes aux yeux.

Ma chère Mélinée, ma chère petite orpheline bien aimée, dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te reverrai plus jamais. Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il mérite comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous...
J’ai un regret profond ne t’avoir pas rendu heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes bien et toutes mes affaires, je les lègue à toi et à ta soeur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la Libération. Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 22 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne, et si je l’ai fait, l’ai fait sans haine.
Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimés que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta soeur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon coeur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari. Manouchian Michel.


Plus de mots, après cela. Je te dirai un autre jour comment je n'ai pas beaucoup aimé ton épopée canadienne. Et comment cela n'a, vraiment, aucune importance.


A toi pour toujours,


Valentine



16 novembre 2006

Robe incarnat




Cher Philippe,


Pour une raison que je ne m'explique toujours pas bien, je me suis laissé entraîner, comme chaque année, en fait, à fêter le BJ. Ajouté à la probable accession de Ségolène Royal au poste de championne du PS dans moins de deux heures, cela suffit à décrédibiliser ma journée, qui n'avait par ailleurs pas commencé sous les meilleurs auspices. Et quand je suis fatiguée, c'est l'équilibre du monde qui vacille.
Car vois-tu, mon coeur, mon métier, c'est de vendre de l'amour.
Avec la bouche, avec la main.
Mais pas comme tu l'entends, oh non - je te vois déjà te bidonner comme un adolescent prépubère, mais non.
Avec la bouche, on peut les dire, avec la main, les écrire, les mots d'amour.
Je t'en dirai plus à l'occasion, bien sûr, sur cet étrange métier. Et des mots d'amour, je saurai en murmurer qui seront neufs, et précieux, à tes oreilles, et qui ne seront que pour toi. Mais pas ce soir, parce que le beaujolais ne s'y prête guère - à quoi se prête-t-il d'ailleurs?

Alors, pour me faire pardonner cette absence momentanée de verve, une belle icône pour te rendre heureux - c'est en tout cas l'effet que, d'aussi loin qu'il me souvienne, elle a sur moi, et à chaque fois avec la même intensité. Comment peut-on imaginer scène si violemment évidente ?
Elle m'abaisse et m'élève à la fois.

Comme chacune de tes manifestations auprès de moi.

A toi pour toujours,

Valentine

10 novembre 2006

Puisque nous sommes entre nous

Cher Philippe,

Puisque nous sommes entre nous, et que c'est vendredi soir, il est temps que je t'en dise un peu plus long sur moi, et sur mon projet qui doit te surprendre, comme il m'a du reste surprise quand je l'ai moi-même formé.
Car en effet, à l'origine, rien ne me destinait à t'épouser.
Dit comme cela, ça peut sembler un peu rude, mais laisse-moi t'expliquer plus avant. Avant toi, j'avais une vraie vie. Bon, un peu ennuyeuse, c'est vrai, mais tu sais comment c'est, on se laisse souvent bercer par nos illusions, même quand elles ne sont plus si douces qu'elles l'ont été.
Sauf que tout ça, c'était avant. Avant que ta voix suave ne touche mes oreilles. Car à cet instant, Philippe, j'ai su que je vivais dans l'illusion. Que la vraie vie était ailleurs, la mienne, en tout cas.
Et que tu en faisais partie.
Or donc, une fois que j'ai constaté que je ne saurais vivre sans toi, j'ai cherché le meilleur moyen de te toucher.
Un mail? Je t'en avais déjà envoyé un, oh, pas pour te demander ta main, non, mais enfin, même s'il ne brillait pas par son originalité - j'avais dû te déclarer, plus ou moins en substance, que j'aimais beaucoup ce que tu faisais - , le fait est que tu n'y avais jamais répondu.
Te coincer au sortir de la Maison de la Radio? Cela aurait supposé que je susse à quoi tu ressemblais, et, je t'en reparlerai, il se trouve que je l'ignorais - et je l'ignore toujours, n'est-ce pas là une preuve supplémentaire de la pureté de l'amour que je te porte?
Alors un blog ? Je mentirais en disant que, par ailleurs, l'idée d'en avoir un, moi aussi, ne m'avait jamais effleurée. Sauf que deux écueils dramatiques m'arrêtaient : d'une part, comment ne pas être tentée de refaire, même sans en être consciente, les blogs que j'admirais? Et d'autre part, comment ne pas tomber dans les travers qui se répandaient comme la vermine sur les couilles du bas-clergé parmi les bloggeurs que je fréquentais, ou que je lisais? Comme faire un blog et perdre le contact avec la réalité - le soir où j'avais vu deux personnes qui coadministraient un blog, réunies comme souvent dans la même pièce, s'envoyer des commentaires sur leur ordinateur qu'elles tenaient chacune sur leurs genoux plutôt que de se parler directement, ce soir là, par exemple, j'avais touché du doigt un des travers dans lequel je ne voulais pas tomber. Sans parler de toutes ces personnes qui n'avaient rien à dire, mais que je lisais sans comprendre pourquoi, ou plutôt, en comprenant très bien que c'était pour de très mauvaises raisons - comme ce blog de pouffe aiguë détaillant chaque nouvelle paire de chaussures, écrit avec le pied, forcément, et que je ne lisais que pour savoir à quel moment son mec, dont elle contait sans cesse les revirements amoureux, allait enfin la quitter. Et je pourrais ajouter à cela toutes les thérapies en ligne, de celles qu'on ne lit que pour se convaincre qu'on va très bien, par comparaison, et où on se laisse parfois aller à déposer un commentaire vaguement sadique.
Bref, tout cela ne me donnait pas tellement envie.
Jusqu'à ce que j'aie L'IDEE.
En fait, ce blog n'allait être qu'un instrument de ma réussite, et ce serait grâce à lui que je parviendrais à te toucher.
Comment?
Eh bien, cher Philippe, parce que je suis sûre qu'un jour ou l'autre, tu finiras bien par te googler, et qu'alors, nécessairement, tu arriveras sur ces pages. Je peux même d'ores et déjà te raconter la scène.
Ou plutôt, je le ferai dans mon prochain message.

A toi pour toujours,

Valentine

08 novembre 2006

Mea maxima culpa


Cher Philippe,



Oui, je sais, pour une amoureuse transie, je ne me fais pas beaucoup entendre. J'entends déjà tes récriminations : "comment ça, m'épouser, alors que tu n'es même pas capable de me poster un billet doux deux jours de suite?"
Et tu auras raison, te concède mon coeur qui saigne.
Mais tu dois bien te rendre compte qu'en attendant le plus beau jour de ma vie, celui où je remonterai l'allée de l'église au bras de mon vieux papa, impatiente de devenir l'astre de tes jours jusqu'à la fin de ces mêmes jours, en attendant, donc, je dois me plier à diverses obligations, qu'elles soient sociales, professionnelles, voire, n'ayons pas peur des mots, sentimentales - mais je te rassure d'emblée, ces dernières sont rares et n'ont, la plupart du temps, rien que de très sexuel.
Car enfin, Philippe, tu conviendras aisément qu'en dépit de tout l'amour que je te porte, je ne peux me résoudre à m'étioler lentement en attendant que tu te décides à me courtiser. Alors, de même que je ne saurais t'en vouloir, jusqu'à ce jour béni, de disperser ton corps et d'en dispenser les bienfaits aux nécessiteuses qui te croisent ou t'entourent, tu me permettras d'entretenir ma forme auprès de jeunes éphèbes qui n'ont ni ta virilité triomphante, ni ta fougue, mais dans les bras desquels je peux néanmoins entrapercevoir, telle une ignorante dans sa caverne, le pâle reflet de ce qui m'attend lorsque tu m'ouvriras les tiens.
Et peut-être me pardonneras-tu si je t'avoue que, parfois, cette idée du plaisir que d'autres que toi me permettent d'approcher, c'est en t'écoutant parler dans le poste que je la sens monter en moi.
A toi pour toujours,


Valentine

06 novembre 2006

Epouser Philippe Collin


Primo, je suis amoureuse de Philippe Collin ;
Secundo, j'ai 33 ans, or, contrairement à Alexandre, je n'ai pas encore conquis la moitié du bassin méditerranéen et soumis l'univers. Il est donc plus que temps que je fasse quelque chose ;
Tertio, l'hiver approche, et il est bon de se trouver de saines occupations pour meubler les longues soirées d'hiver (voire les lits toujours un peu plus froids en cette terrible saison).

En d'autres termes, je n'aurai désormais d'autre but que de séduire celui qui m'a séduite.
Aussi, j'en fais ici serment: énergie, argent, ruse, ruse féminine (variante de la précédente, en plus efficace), temps, doux babil, tout, absolument tout ce qui me constitue tendra vers la réalisation de mon destin.

EPOUSER PHILIPPE COLLIN