26 février 2007

Deux petites semaines...



Plus que deux petites semaines...

Et comme il n'y a pas de raison que je sois la seule à pouvoir jouer, c'est le moment de se lâcher pour tous les amateurs de collinades © :

A votre avis, ce sera quoi, le thème de l'émission, dans deux semaines?


25 février 2007

Ma petite entreprise


Cher Philippe,

Tu as rondement mené ta petite entreprise, ce matin, et comme souvent, tu m'as bien réjouie sous ma couette : une collinade comme on n'aurait osé en rêver avec la première volute sonore - ce qui m'autorise à te le redire, you can ring my bell, où tu veux et quand tu veux ; des extraits qui font sourire et un rythme qui réussit une fois de plus à transformer le temps : de même qu'en certains lieux règnent des noveuros, en certaines ondes règne un novtemps. C'est notamment le cas le dimanche de 11h00 à midi : cela fait à peine dix minutes que l'on s'amuse aux douces dingueries de la Panique que déjà Philippe Collin prononce les mots qui fâchent : Voilà, fin du soixante-septième épisode, tout le monde descend.
A l'inverse, en novtemps, une chronique de Bernard Guetta peut durer jusqu'à une demi-heure. Et c'est encore le même principe qui préside à une expérience que tu as sans doute déjà faite : tu vas au théâtre voir une pièce qui dure quatre heures (en général, c'est au théâtre de la Colline, et ce sont tes amis qui t'y ont poussé, à moins que tu n'aies pris un abonnement un soir d'ivresse), la représentation commence à 19h30 (donc tu n'as pas eu le temps de manger auparavant, ce qui ne fait qu'ajouter à ton humeur exécrable), et alors que cela fait plus de trois heures que tu t'ennuies mortellement en te demandant pourquoi le putain d'entracte qui aurait dû te permettre de fuir sans être repéré n'a pas encore eu lieu, tu regardes ta montre, et il est 19h43. C'est ça, le novtemps. Alors tu comprendras que je préfère quand il s'exerce dans l'autre sens, en t'écoutant.
Pourtant, ce matin, j'aurais aimé que le plaisir dure encore un peu plus longtemps, afin d'en apprendre davantage sur ta petite entreprise : imagine, on aurait pu entendre Anne Delalande, la stagiaire la plus heureuse du monde (la seule?), décrire ce que ça fait de travailler avec toi, et suggérer à demi-mots que derrière le bateleur se cache un patron en or. Ou un tyran. Ou un amant exceptionnel...
Ce matin, tu aurais pu aussi balayer devant ta porte, ou devant celle du Parrain, et nous expliquer pourquoi il refuse obstinément de te confier les missions dont tu rêves : certes, tu as eu le droit à Dhorasso, mais ce n'est pas Clint Eastwood non plus, hein? Mais après tout, peut-être n'as-tu pas le bon signe astrologique, toi non plus. Espérons que tu l'auras la semaine prochaine, et que le Parrain te confiera la mission Emmanuelle Carrère - mille fois plus intéressant que l'inspecteur Harry.
Enfin, ce matin, tu aurais pu penser à tous ceux qui mènent leur barque tout seuls, et dont les entreprises, d'apparence parfois vaines, ne sont pourtant pas dépourvues d'intérêt. A l'instar de la petite entreprise que je te consacre du bout de ma plume, ici représentée.

Qu'importe. Mon dévouement, qui ne connaît point de bornes, continuera à s'exercer à ton endroit. Car je suis ta servante, Ecce ancilla Domini.


A toi pour toujours,

Valentine

22 février 2007

Y'a des matins comme ça



Cher Philippe,

Alors que j'ai encore dans la tête le son miraculeux des Gordon Sanchez que j'ai eu le grand bonheur d'écouter hier soir au Réservoir, c'est ce matin la voix lénifiante de Bayrou qui explose à mes oreilles, et le contraste est rude.
Comment 55% des Français pourraient-ils avoir envie de voir ce pater familias bourgeois et droit dans ses bottes parvenir à l'Elysée ?
Ce type ne doute de rien, c'est insupportable, et le pauvre Nico du Cetneuftrente peine à rabattre la morgue de son interlocuteur - ce qui n'est pas commun.
Bref, je vais m'empresser d'aller compulser frénétiquement mon horoscope, en espérant qu'il m'annoncera une belle surprise pour la journée, seul moyen de transformer cette journée en autre chose que ce vers quoi elle se dirige fissa après cette entrée en matière : une journée de merde.

A toi pour toujours,

Valentine

21 février 2007

Noire passion


Cher Philippe,

Alors non, finalement, je ne vais rien dire de tes pitreries astrales de dimanche : chiadées et bien senties comme à l'accoutumée, elles auraient en effet mérité que je les prolonge un peu sous ma plume, et qui sait, que je donne envie à d'autres de retourner les entendre.
Mais je ne le ferai pas.
Pourquoi?
Parce que, cher Philippe, loin de moi l'idée de me plaindre - après tout, tu ne m'as rien demandé, hein ? - mais parfois, je dis bien parfois, je me sens lasse de soliloquer. Et je suis d'autant plus peinée qu'à d'autres, qui se contentaient à peine de te citer sur leur blog, tu n'as pas hésité à laisser un mot de commentaire :

"Nous remercions toutes les personnes qui parlent de notre émission sur leur blog. Nous sommes très sensibles au fait que vous nous aidez à exister un peu plus ailleurs, c'est important"

Philippe Collin, 24 mars 2006

Tu comprendras que la jalousie me dévore à lire ces quelques lignes, et ce d'autant plus que mon signe zodiacal, bouillonnant et fervent, me prédispose à cette noire passion...
Par bonheur, ce même signe extrême favorise en moi la plus grande des maîtrises, et me porte à la magnanimité des Césars. Aussi, cher Philippe, apprends que je ne t'en veux point, et que si elle me condamne aujourd'hui au silence, ton ingratitude n'a pas terni l'éclat de l'éternel amour que je te voue.
Seule maîtresse en ces lieux, je me contenterai alors d'un silence bienveillant à ton égard, ce même silence bienveillant que l'exquise madone de Léonard qui orne ce message semble adresser au doux objet de ses feux. Raccourci audacieux, qui te prouvera s'il en était besoin, qu'à si bien t'écouter, j'en arrive à te surpasser dans l'art et la manière de lier une chose à une autre, par exemple une chanson à un sujet... Ce qu'entre gens de bonne compagnie il conviendra désormais de nommer une collinade...

A toi pour toujours,

Valentine

14 février 2007

Looking for Valentin

Cher Philippe,

Comme à l'évidence, tu ne te précipites pas pour me souhaiter une belle fête, je vais devoir t'être infidèle. Non que tu ne mérites plus mon amour, mais une passion d'une telle force ne pouvant survivre sans aucun signe pour l'attiser, il me faut me résoudre à trouver ailleurs ces braises que tu me refuses.
Ainsi, puisque tu te dérobes à mes baisers, les mots qui passeront mes lèvres aujourd'hui ne te seront pas destinés, mais à tous les hommes que j'aurais aimé avoir pour Valentin.



Des blancs, des noirs, des arabes, des hétéros, des homos, des femmes, des vieux, des jeunes, des beaux gosses, des moins jolis, des gros bras, des grosses têtes. En tout cas, un certain nombre de belles fesses à contempler avec gourmandise. Car, oui, il faut le savoir, les femmes aussi aiment mater les jolis petits culs.

Voilà. Et c'est promis, cher Philippe, dès demain, je ne materai plus que toi.

A toi pour toujours,

Valentine

PS : Parmi ces 28 Valentins, une mention spéciale pour les Gordon Sanchez, en haut à droite, aussi beaux à regarder qu'époustouflants à entendre (par exemple ici).

12 février 2007

Quatre petites semaines


Plus que quatre petites semaines....
Au cas où tu l'aurais oublié, je te rappelle que je suis à ton entière disposition afin de t'inspirer un bon sujet pour l'émission du 11 mars.

Valentine

"Un monstre aux yeux verts qui outrage la chair qu'elle dévore"




Cher Philippe,

Alors là, rien à redire, l'émission d'hier était vraiment palace et glamour, presque autant qu'une interview de mademoiselle Deneuve.
Pourtant, j'hésite à avancer sur le terrain de la jalousie, ce monstre aux yeux verts qui outrage la chair qu'elle dévore, tant la mienne est terrible à imaginer toutes ces femmes qui gravitent autour de toi :
Anne Delalande pour commencer, la seule stagiaire du monde qui doit être heureuse de son sort - moi, à sa place, je le serais tant ;
Ensuite, toutes les jeunes femmes qui guettent comme moi chacune de tes missions et émissions, devant et derrière le poste;
Enfin, même si mes mains tremblent à l'écrire, ta femme, ton amoureuse, ta roudoudette d'amour, bref, celle dont il me faut bien envisager la possibilité de l'existence, celle qui, peut-être, partage ta vie, celle sur qui tu répètes sûrement tes vannes, et celle qui, le dimanche matin, aux petites aubes, lorsque tu la presses de te donner des conseils sur les disques du jour, finit sans doute par te dire n'importe quoi pour que tu la laisses dormir. M'est avis que ce dimanche, tu as dû être particulièrement lourd avec ta pauvre femme :

Au dedans de moi, c'est ce que fredonne Jean-Louis Murat sur son dernier album intitulé Taormina; Taormina, c'est une petite ville d'Italie, dans la province de Catane, face à l'Etna, que les Siciliens comparent carrément à Saint-Tropez. C'est ça, oui, vantards, et jaloux en plus.

Philippe Collin, France Inter, dimanche 11 février, vers 11h19.


Belle collinade... Celle-là, il fallait la trouver.
Allez, je pérore, je fais mon intéressante, mais au fond, c'est juste pour dissimuler mon trouble à la pensée que, peut-être, tu en aimes une autre. Alors, je pourrais, avec le Swann de Proust, décrire la pieuvre de la jalousie qui m'étouffe de ses tentacules, comme si cette jalousie [avait] une vitalité indépendante, égoïste, vorace de tout ce qui la nourrirait, fût-ce aux dépens de [moi]-même.
Mais tout passe, nous ne le savons que trop, et la jalousie finira bien par disparaître, elle aussi. Qui sait, je ne t'aimerai peut-être pas toute ma vie ? Ou peut-être qu'un jour - et cette option a ma préférence - ta femme te quittera, lasse de te sacrifier toutes ses grasses matinées, et que ce jour tu t'écrieras avec Swann, lucide :

Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre!


Ce jour-là, cher Philippe, n'oublie pas qu'en plus d'avoir consacré mes jours et mes nuits à t'aimer - et connais-tu beaucoup d'hommes qui pourraient en dire autant ? -, je suis, moi, tout à fait plaisante, et tout à fait ton genre : si mes yeux sont verts, je ne les lèverai jamais sur toi pour t'outrager.

A toi pour toujours,

Valentine



Shakespeare, Othello, III, 3, v. 166, 1604
Proust,
Un Amour de Swann, 1913

11 février 2007

To all of you


Cher Philippe,


Dans trois jours, la France entière célèbrera ma fête.

Et toi ? Cèderas-tu enfin aux sirènes de la curiosité ?


A toi pour toujours,



Valentine

09 février 2007

Verba volant, scripta manent



Cher Philippe,

En ce moment, quand j'allume ma radio et que tu ne t'y trouves pas, ce qui est malheureusement fréquent, j'entends souvent un appel qui m'atteint droit au coeur tout en me rappelant l'un de mes nombreux regrets : ma station favorite m'invite à prendre ma plus belle plume afin de faire partie du jury du Livre Inter.
Chaque année, je caresse mon envie d'en être, de lire, lire encore, dévorer, puis d'en débattre avec d'autres, qui, comme moi, ne veulent pas choisir entre la lettre et le verbe, et se régalent d'entendre des voix chères leur parler de textes aimés. Et chaque année, je compose ma lettre dans ma tête, je les trouve imparables, mes mots qui disent mon amour des livres, et puis comme chaque année, je ne les couche pas sur le papier, et je laisse passer la date d'envoi. Alors, la mort dans l'âme, j'enfouis ce regret dans un coin de mon inconscient, mais celui-ci finit toujours par revenir frapper à la porte, en général au moment de la proclamation du Prix, et je me rabats, tristement, sur la lecture du lauréat, souvent en refaisant le débat comme on refait le match.
Evidemment, en 1975, vu que je n'avais même pas deux ans, je n'ai pas lu Des Demeures et des gens, le premier roman primé. Je dois bien avouer, d'ailleurs, que trente et quelques années plus tard, Catherine d'Etchea m'est une parfaite inconnue. Et sans doute pas uniquement à moi, puisque si je la google, je ne trouve que neuf liens qui pointent vers elle, plus ou moins vaillants. Triste destin, qui me rend aujourd'hui, moi l'amoureuse officielle de Philippe Collin, beaucoup plus visible que cette lauréate. Vanitas vanitatum et omnia vanitas. Vanité des distinctions, vanité des moteurs de recherche, aussi...
Je n'ai donc pas lu Catherine d'Etchea, et parmi la liste des lauréats, force m'est de constater que j'en connais fort peu avant 1990. Toutefois, je suis prête à parier que je ne suis pas la seule, et en particulier que toi non plus, cher Philippe, tu n'as pas lu cette pléiade d'auteurs souvent disparus. Qui se souvient des hommes ? écrivait Jean Raspail en 1987, et aujourd'hui, malgré le prix que lui valut cet opus, je ne peux que demander à mon tour : qui se souvient de Jean Raspail ?
Question toute rhétorique, car Jean Raspail gagne à être connu. Si si. D'une part, contrairement à Catherine d'Etchea, Jean Raspail n'a jamais cessé d'écrire depuis l'obtention de ce prix - il avait d'ailleurs commencé bien avant, et nous lui devons un certain nombre de romans aux titres fleuris, mes favoris étant Secouons les cocotiers (2 tomes), Le Son des tambours sur la neige ou En Canot sur les chemins d'eau du roi. D'autre part, outre qu'il a intitulé un autre de ses romans Boulevard Raspail - un peu comme si je revendiquais My Funny Valentine -, ce prolifique et réactionnaire écrivailleur a aussi présidé le comité pour la commémoration du bicentenaire de la mort de Louis XVI (commémoration qui aurait dû avoir lieu place de la Concorde, et qui fut refusée par la Préfecture de Paris), et, surtout, il s'est fendu, le 17 juin 2004, d'un papier pour le Figaro où l'on pouvait lire ceci :

"Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu'« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d'une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu'au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d'Africains, Maghrébins ou Noirs et d'Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l'islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer."
Jean Raspail, La patrie trahie par la République

Si jamais tu me soupçonnais de déformer ses paroles dans je ne sais quel dessein, je t'invite à vérifier par toi-même que cet extrait est au contraire bien en dessous de la réalité de l'ensemble de son propos. Mais ne reste pas trop sur sa page, tu risquerais la nausée.
Tu vois, je ne te mentais en affirmant que Jean Raspail gagnait à être connu.
Curieusement, soudain, j'ai comme un doute sur la pertinence du prix du livre Inter... Du moins à cette époque, par ailleurs fort trouble: après tout, n'y voyait-on pas de curieuses pratiques qui permettaient à l'ancien président de Radio France, Jean-Noël Jeanneney, de devenir président du jury, l'année même qui suivait son éviction ? Un peu comme si, un jour prochain, Jean-Paul Cluzel devenait à son tour président du jury. Après Echenoz, Carrère, Rouaud ou Semprun, ça risquerait de la foutre mal, non ? Sans compter qu'on serait à peu près assurés de voir Jean d'Ormesson, ce sympathique jeune auteur qui monte, emporter le prix... Et alors, cher Philippe, le parrain te confierait sans doute la lecture des oeuvres complètes de cet homme qui se voudrait le successeur de Chateaubriand et qui ne sera jamais que celui de Prudhomme, et là, ce ne sont pas 100, ni 200, mais bien plutôt 5000 pages que tu devrais te fader en une nuit, et quelles pages....
Mais non, cela n'arrivera jamais, et j'en veux pour preuve le spectaculaire redressement du palmarés depuis une dizaine d'années - depuis que je lorgne avec gourmandise sur le jury, en fait, même si je doute fort que cela ait un rapport. Qu'un tel prix ait su récompenser, dans le désordre de mes préférences, Winckler, Mauvignier ou Gailly, cela suffit à me réconcilier avec lui, malgré Raspail, malgré les petites compromissions, et malgré d'Ormesson. Aussi n'ai-je plus qu'à sortir ma plus belle plume, pour, enfin, convaincre tes pairs de me choisir. D'autant que cette année, je suis encore plus motivée que par le passé : si j'étais choisie, je pourrais me battre pour défendre Démolir Nisard et conchier La Mélancolie de Zidane. Et puis, surtout, si j'étais choisie, j'entrerais enfin en ton royaume.
Ce qui serait le meilleur moyen de te rencontrer, cher Philippe, et peut-être même de te séduire sans que tu me reconnaisses...

A toi pour toujours,

Valentine

04 février 2007

Glamorama



Cher Philippe,

Tu sais que j'aime me laisser réveiller par ta douce voix, mais ce matin, je ne t'ai pas écouté dans mon lit, lovée entre mes draps tout chauds encore de la nuit. Non, aujourd'hui, j'ai goûté une expérience nouvelle, je t'ai écouté dans mon bain.
Nue.
J'ai adoré cette sensation d'impudeur et de transgression, un peu comme si, puisque je pouvais t'entendre, tu n'étais qu'à une goutte de pouvoir me voir. Je ne sais pas si tu as déjà téléphoné depuis un bain, c'est une activité que je pratique aussi souvent que je le peux, et à chaque fois, c'est un grand bonheur : un seul petit mouvement et un clapotis nous trahit aux oreilles de notre correspondant, le tout étant de savoir si on a envie de se trahir, et de le laisser nous imaginer lui parlant en tenue d'Eve... Eh bien, ce matin, j'ai ressenti le même trouble plaisant.
Aussitôt remplacé par une intense satisfaction : rends-toi compte, hier soir très tard, je me plaignais à demi mots, les demi mots d'un post scriptum, de la nature un peu trop, comment dire ? testostéronée de ta précédente émission, de son côté gros bras, et je revendiquais quelques grammes de glamour dans un monde de brutes. Or, qu'entends-je ce matin, alors que je barbotte entre les bulles délicatement parfumées à la fleur d'oranger, seulement rafraîchie, dans cette chaleur moite, par le contact de la faïence contre ma nuque ? Je t'entends annoncer de ta belle voix que la Panique, aujourd'hui, m'apprendra tout des palaces.

Joie, joie, pleurs de joie.


Je crois que nulle parole ne saurait exprimer le bonheur que j'éprouvai en entendant ces quelques mots. Evidemment, je sais bien que tu ne t'es pas dit, hier soir, après avoir découvert mon billet que tu aurais guetté fébrilement tout le jour :

Foutredieu, Valentine n'a pas aimé l'émission de la semaine passée, et c'est vrai que j'ai un peu déconné avec mes histoires de gros camions, ça fait rêver qui, hein, Collin, ça fait rêver qui ces histoires de bahuts customisés ? Va falloir incontinent que je redresse le tir. Mais comment faire, vu que j'avais prévu une spéciale formule 1, avec la totale : des extraits de
Turbo, des articles de Tunning Mag, une interview exclusive de Bernard Darnish, et Jean-Claude et Monique à Magny-Cours. Or je sens bien qu'elle ne va pas kiffer Darnish, Valentine - en même temps, qui le kifferait, hein ?

Non, Philippe, je me doute bien que tu n'as pas passé la nuit à écrire une nouvelle émission, à collecter tous les sons, et à les monter, pour qu'au petit matin, mon voeu soit exaucé. Pourtant, ce matin, c'était un peu comme si je l'avais été.
Alors merci, cher Philippe, car même si j'ai failli me noyer de rire à plusieurs reprises, j'ai adoré cette émission. Parce qu'elle était brillante, comme souvent, et aussi parce que parmi les choses que j'aime bien, dans la vie, en plus de reposer, alanguie, dans un bain à bulles, il y a aller boire des cocktails au champagne dans les bars des palaces, comme je te le disais voilà quelques temps. Donc, si tu veux copier le Général, nous pourrons vivre notre nuit de noces au Crillon, mais en attendant, je t'offrirai une coupe au Meurice dès que cela te chantera.
Voilà, merci encore pour cette belle matinée, et puis, si tu as besoin d'inspiration pour l'émission de dans cinq semaines, tu peux compter sur moi...

A toi pour toujours,

Valentine


La voix de son maître


Cher Philippe,

Aujourd'hui, je viens de me voir dans le poste (chez des amis, hein, parce que si tu suis bien, chez moi, il n'y a que des vieilles TSF qui te diffusent à longueur de temps), et je suis partagée entre l'énervement digne, la consternation et le rire de mépris. Une demi-heure d'interview pour ne retenir que cette petite phrase crétine, et pour me prêter le discours officiel de la vaste entreprise à laquelle je suis dévolue corps et âme ? Le procédé qui consiste à désigner mon discours comme un discours de propagande, alors que seul le montage, en sortant mes propos de leur contexte, leur confère la valeur d'une propagande qu'on aimerait y trouver, ce procédé me laisse sceptique. C'est tellement facile de faire plier la réalité dans les cases où on aimerait l'enfermer, par principe et a priori.
Soupir.
Quand je pense que pour enregistrer les termes de cette mascarade, j'ai raté la première mi-temps de France-Suisse, en juin dernier...
Re-soupir.
Bref, la prochaine fois que les sirènes de la renommée retentiront, fais-moi penser à m'enchaîner au mât.

A toi pour toujours,

Valentine

PS : les routiers sont sympas, c'est vrai, mais tu n'aurais pas un sujet un peu plus glamour en réserve ?