29 avril 2007

On n'est pas sérieux quand on a 17 ans


Cher Philippe,

Si j'étais adolescente, je créerais un blog sur lequel je te déclarerais ma flamme à chaque instant.

A toi pour toujours,

Valentine.

26 avril 2007

Influences

Cher Philippe,

Rarement printemps n'aura autant été sous influences.

L'influence du temps, pour commencer, même si cela me peine un peu d'aborder ici un chapitre météorologique qu'on réserve d'habitude à ceux à qui on n'a rien à dire. Pourtant, force est de constater que depuis quelques semaines, le roi des astres nous comble, et du coup, nous passons le plus clair de notre temps à exposer à ses regards nos corps engourdis par un trop long hiver. Fort bien, fort bien, mais en attendant, la fréquentation des radios, et des blogs qui en parlent, s'effondre. Mais qu'importe ? D'autant que l'actualisation des mêmes blogs, tout comme le renouvellement des ©ollinades, fluctue lui aussi beaucoup.
Sans compter qu'avec tout ce soleil et le dévoilement du secret des peaux, c'est le moment de tomber amoureux, même si un article de Libé, l'autre semaine, tordait le cou à cette idée reçue - et c'est là qu'on voit bien que les journalistes en question, au lieu de passer leur temps sur second life, feraient bien mieux de se laisser gagner par les surprises de la premium life, par exemple le printemps du désir.

L'influence des astres
. Même si elles n'existent probablement pas, elles-ci sont moins évidentes, plus complexes, fuyantes. Aussi ne m'y aventurerai-je pas. D'aucuns, pourtant, prétendent que cela doit jouer (enfin, uniquement les vierges qui ont la lune dans le caniveau). A voir.

L'influence des élections
. Enfin, une évidence : pendant qu'on piste nos trois (jeunes) amis, après avoir éliminé les neuf autres de l'espace public, on n'écoute pas Philippe Collin. Par conséquent, on ne le google pas non plus. Et donc, on ne débarque par ici, sur cette espèce de Collin life où se vit, et se dit, à peu près tout et n'importe quoi - c'est ça qui est bien, d'ailleurs.

L'influence des ponts du mois de mai
. Là, je pourrais me lancer dans une espèce de sortie toute poujadiste sur la nécessité de remettre la France au travail au lieu de la laisser dépenser l'argent qu'elle n'a pas pendant les congés scélérats qui ponctuent le joli mois de mai. Mais au lieu de ça, je préfère insister sur la nécessité de profiter de ces longues et délicieuses journées gagnées sur le dos du grand capital pour se remettre à imaginer de bonnes émissions dominicales, à les écouter, et à les commenter. Puis à venir lire ces commentaires sur ces pages.

Voilà, cher Philippe, ce que j'avais à dire sur ces influences. Evidemment, la liste n'est pas close, et si tu voulais y ajouter ton mot à dire, je serais ravie.
Comme je le serais de toute contribution à ce modeste trafic d'influence.

A toi pour toujours,

Valentine

23 avril 2007

Résistances

Ca y est, on sait.
Bon.
On a les héros qu'on peut - à moins qu'ils soient ceux qu'on mérite ?

Non. Personne ne mérite le petit énervé.

Aussi va-t-il falloir songer à résister, et gravement, même si, c'est vrai, le ton monocorde de Ségolène est tout sauf enthousiasmant.

NB: penser à relire "Poujade et les intellectuels", de Roland Barthes, dans Mythologies. Dès que je retrouve mon exemplaire, je le mets en ligne.

22 avril 2007

Héroïsme


C'est vrai, ça : qui sera le héros du jour ?

20 avril 2007

Gourmande II

GOURMAND, ANDE, adj. et n. d'origine incertaine. 1. S'est dit longtemps pour "qui mange avec avidité". Découvrant enfin le visage de l'homme qu'elle aimait, Valentine lui lança un regard gourmand.
2. Au sens figuré, le mot signifie "avide de connaître, qui aime beaucoup". De Philippe, Valentine aurait voulu tout connaître : ses traits, ses envies, ses caresses, le goût de sa peau sous ses lèvres. A la folie, elle en était gourmande.

GOURMANDISE, n.f., dérivé de gourmand, s'est substitué à gourmandie et gourmanderie. 1. Défaut du gourmand. Malgré tout ce qu'elle lui coûtait, de temps, d'énergie, d'attention et de chagrins, Valentine ne parvenait pas à regretter la gourmandise que Philippe Collin avait fait naître en elle.
2. Signifie aussi "mets friand", surtout au pluriel. Chaque dimanche, Valentine allumait son poste de radio à 11h00, et attendait religieusement la pastille sonore qu'elle dégusterait comme une gourmandise.

Le verbe dérivé GOURMANDER a signifié "dévorer", mais ce sens a disparu. Si Valentine avait croisé Philippe ce matin-là, après une nuit passée à rêver qu'elle s'abandonnait dans ses bras, elle l'aurait gourmandé. 2. Se dit à présent pour "réprimer vivement" et "dominer ses passions". Valentine tenta de se gourmander. Rien de bon ne sortirait de cette vaine passion.

GOURDE, n.f., fruit de certains cucurbitacés (courge), et par métonymie, récipient constitué par ce fruit vidé. Au figuré, le mot signifie personne niaise et stupide. Quelle gourde ! Depuis cinq mois qu'elle lui écrivait, elle n'avait toujours reçu aucun signe de lui, et pourtant elle s'entêtait. Dérivé, GOURDASSE. Si Valentine avait tenu la gourdasse qui faisait du rentre-dedans à Philippe Collin à la Maison de la Radio, elle lui aurait arraché les yeux, histoire de lui faire comprendre sa manière de voir.

GOURDANDINE, n.f., mot d'origine dialectale, femme facile. Quoi ? Sous prétexte d'aimer, elle se comporterait comme une gourdandine ?

GOURMET, n. m., altération de groumet, valet chargé des vins, d'où, par assimilation probable à gourmand, le sens moderne de "personne qui apprécie la bonne chère". Philippe Collin ? Un gourmet. Souhaitons-lui de découvrir la finesse des mets que Valentine lui promet.


La gourmandise, détail des Sept péchés capitaux de Jérôme Bosch, Musée du Prado, Madrid, c. 1485.

15 avril 2007

Gourmande


Cher Philippe,

Je n'aime pas tellement Fragonard, mais son verrou me trouble, et me fait irrésistiblement songer à la gourmandise que tu décrivais si bien l'autre dimanche.
Alors en attendant de trouver le temps de mettre des mots sur les autres pensées fort troubles que le plus goûté des péchés suscite en moi, je te laisse admirer cette scène, et rêver aux délices de celle qu'elle précède d'à peine quelques secondes...

Bien à toi,

Valentine

13 avril 2007

Amour palimpseste



Cher Philippe,

Cinq mois que je t’écris, cinq mois que je te voue, sinon l’essentiel de mon temps, du moins ce qu’il en reste quand l’essentiel est accompli, et cinq mois que je t’attends, tantôt fiévreuse, tantôt impatiente, tantôt amusée. Ces derniers temps, c’est plutôt l’amusement qui prima, je peux bien l’avouer, et à plusieurs reprises, en relisant les mots d’accueil des pages que je te consacre, j’ai mesuré combien cet appel du coeur était éphémère, et combien il appellerait une mise à jour, comme on passerait de Windows XP à Vista.

Mais, chacun le sait bien, passer à Vista en période bêta est une grosse bêtise, et je ne vais pas me risquer à en faire autant sur ces pages. Non, je vais me contenter d’imaginer ce que je pourrais substituer à mes mots d’avant, juste pour voir si ça fonctionne. Une version test. Amoureuse 3.1, en quelque sorte :


Primo, je suis amoureuse de Philippe Collin ;
Secundo, j’ai 33 ans, or, contrairement à Alexandre, je n’ai pas encore conquis la moitié du bassin méditerranéen et soumis l’univers. Il est donc plus que temps que je fasse quelque chose;
Tertio, l’hiver approche, et il est bon de se trouver de saines occupations pour meubler les longues soirées d’hiver (voire les lits toujours un peu plus froids en cette terrible saison).
En d’autres termes, je n’aurai désormais d’autre but que de séduire celui qui m’a séduite. Aussi, j’en fais ici serment: énergie, argent, ruse, ruse féminine (variante de la précédente, en plus efficace), temps, doux babil, tout, absolument tout ce qui me constitue tendra vers la réalisation de mon destin:

EPOUSER PHILIPPE COLLIN


Jadis, si je me souviens bien, j’étais amoureuse de Philippe Collin.
A 33 ans, j’ai décidé de lui consacrer mon temps, mon énergie, ma ruse et mon doux babil, dans l’espoir insensé qu’il m’entendrait.
Cinq mois plus tard, je n’ai pas conquis mon bien-aimé, et encore moins l’univers, mais je me suis bien réveillée. J’ai banni l’ennui, proscrit la monotonie des longues soirées d’hiver, et réchauffé mon lit aux rêves que je faisais de lui.
Je me suis bien amusée.
Aujourd’hui, le printemps est là, et je ne sais quel sera mon destin à l’été : pour lui, avec lui et en lui ?

INCH'ALLAH


A toi pour toujours,

Valentine

11 avril 2007

Massilia

Cher Philippe,

La tête en vrac, et le coeur ailleurs, j'aurais bien aimé être à Marseille ce week-end : j'en aurais d'autant plus goûté ton verbe pointu. Mais comme aujourd'hui, ma flemme est au moins aussi longue que la Cannebière et aussi large que la sardine qui bloquait le Vieux Port, je vais me réfugier derrière un vieux billet que je t'avais adressé, à l'époque, de Massilia.

A toi pour toujours,

Valentine

PS : la flemme et la flamme expliquent aisément mon silence. Mais aussi mon désir de te ménager, car sinon, comment ne pas rebondir sur les propos que Jean Clair - qui, entre parenthèses, se nomme Gérard Régnier, comme tout le monde -, eut à ton égard l'autre jour, et remuer ainsi la hallebarde dans la plaie?
Ce qui, ajouté à tes circonvolutions face à Daniela Lumbroso, ferait un peu beaucoup pour les mêmes épaules... Non ?

04 avril 2007

La différence



Nos vies sont différentes, nos amis aussi. La plupart des miens s'adonnent à des activités artistiques, et s'ils n'écrivent pas de livres ou ne réalisent pas de films, s'ils travaillent par exemple dans l'édition, cela veut dire qu'ils dirigent une maison d'édition. Là où je suis, moi, copain avec le patron, elle l'est avec la standardiste. Elle fait partie, et ses amis comme elle, de la population qui prend chaque matin le métro pour aller au bureau, qui a une carte orange, des tickets-restaurant, qui envoie des cv et qui pose des congés. Je l'aime, mais je n'aime pas ses amis, je ne suis pas à l'aise dans son monde, qui est celui du salariat modeste, des gens qui disent "sur Paris" et qui partent à Marrakech avec le comité d'entreprise. J'ai bien conscience que ces jugements me jugent, et qu'ils tracent de moi un portrait déplaisant. Je ne suis pas seulement ce petit bonhomme sec, sans générosité. Je peux être ouvert aux autres, mais de plus en plus souvent je me braque, et elle m'en veut.

C'est Emmanuel Carrère qui écrit, dans Un Roman russe, ces lignes saisissantes. Bien sûr, il ne me les écrit pas à moi, pourtant, la force de son mépris s'abat sur moi, avec d'autant plus de violence que je le sens sincère : cet homme ne simule pas. Ainsi, l'auteur que j'admire les plus au monde est confit de mépris pour ma caste - enfin, ma caste : on n'appartient jamais qu'à celle qu'on veut bien reconnaître pour sienne.
Je ne monte jamais sur Paris, mais seulement parce que j'y habite ; je n'ai pas de tickets-restaurant, mais seulement parce que l'entreprise que j'honore de ma présence nous pourvoie d'une cantine, tout ce qu'il y a de plus modeste. Pour le reste, il suffit de faire un copier coller: je ne dirige pas une maison d'édition, j'y bricole des romans érotiques. Je pose des congés, envoie des CV, et pars à Marrakech pour l'Ascension (toujours pour l'Ascension, les voyages du comité d'entreprise, il aurait pu le rajouter).
Ainsi, chacun des traits que Carrère relève impitoyablement fait mouche, pourtant cela ne réussit pas à me verser à la caste des intouchables, comme on verserait une pièce au dossier.
Et puis, dans le roman, il l'aime, Carrère, sa différente. D'une passion sans commune mesure avec le bonheur insipide qu'il ressent pour sa pareille, à la fin. C'est pourquoi, cher Philippe, je ne peux que t'espérer différent. Peut-être pas de la caste de ceux qui se perdent d'orgueil, mais de celle des vrais seigneurs, sûrement.

A toi pour toujours,

Valentine