17 juin 2007

Oui pour toujours


Cher Philippe,

Enfin, un signe.

Au bout de 7 mois de cour assidue, me voici enfin récompensée : en t'écoutant, ce matin, j'ai compris que tu m'envoyais un message. Codé, certes, mais néanmoins intense. Car qu'aurais-je pu penser d'autre en découvrant que tu avais choisi de consacrer ton avant-dernière émission aux liens sacrés du mariage ?
Pourtant, mon amour, je vais devoir tempérer tes ardeurs, même si cela me brise le coeur.
Je ne t'épouserai pas, mon ange.
D'abord, parce que l'amour, on le sait bien, dure trois ans : or, celui que je te porte est si impérieux qu'à imaginer un instant seulement qu'il puisse finir un jour, je me sens brisée, et toutes les larmes de mon corps ne suffiraient pas à dire mon chagrin.
Ensuite, parce que depuis que tu te pavanes sur les pages glacées des hebdomadaires, j'ai découvert un élément qui me trouble. Tu es blond, Philippe. Certes, il n'est pas sage de s'en tenir à l'apparence, mais le Philippe Collin que j'aime est brun.
Enfin, et c'est ce qui m'oblige à refuser ta main, à renoncer à remonter vers toi l'autel de la plus sublime cathédrale, je ne peux m'unir à toi parce que la force de mon désir est telle que prétendre le dresser le tuerait à coup sûr. Ma passion ne résisterait pas aux cadres des institutions.
Je t'aime tant, mon bien aimé, qu'à t'avoir enfin, je te perdrais, et si je te perdais, j'en deviendrais folle. Comme la vierge folle de Rimbaud.

Écoutons la confession d'un compagnon d'enfer :
Ô divin Époux, mon Seigneur, ne refusez pas la confession de la plus triste de vos servantes. Je suis perdue. Je suis soûle. Je suis impure. Quelle vie !
Pardon, divin Seigneur, pardon ! Ah ! pardon ! Que de larmes ! Et que de larmes encor plus tard, j'espère !
Plus tard, je connaîtrai le divin Époux ! Je suis née soumise à Lui. − L'autre peut me battre maintenant !
A présent, je suis au fond du monde ! O mes amies !... non, pas mes amies... Jamais délires ni tortures semblables... Est-ce bête !
Ah ! je souffre, je crie. Je souffre vraiment. Tout pourtant m'est permis, chargée du mépris des plus méprisables cœurs.
Enfin, faisons cette confidence, quitte à la répéter vingt autres fois, − aussi morne, aussi insignifiante !
Je suis esclave de l'Époux infernal, celui qui a perdu les vierges folles. C'est bien ce démon-là. Ce n'est pas un spectre, ce n'est pas un fantôme. Mais moi qui ai perdu la sagesse, qui suis damnée et morte au monde, − on ne me tuera pas ! − Comment vous le décrire ! Je ne sais même plus parler. Je suis en deuil, je pleure, j'ai peur. Un peu de fraîcheur, Seigneur, si vous voulez, si vous voulez bien !
Je suis veuve... − J'étais veuve... − mais oui, j'ai été bien sérieuse jadis, et je ne suis pas née pour devenir squelette !... − Lui était presque un enfant... Ses délicatesses mystérieuses m'avaient séduite. J'ai oublié tout mon devoir humain pour le suivre. Quelle vie! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. Je vais où il va, il le faut. Et souvent il s'emporte contre moi, moi, la pauvre âme. Le Démon ! − C'est un Démon, vous savez, ce n'est pas un homme.

Tes délicatesses mystérieuses m'ont séduite, mon amour. J'ai tout oublié de mon devoir pour te suivre, mon ange, mais je sais bien, moi, que tu es un homme, un vrai.

A toi pour toujours,

Valentine

Marc Chagall, La Mariée
Rimbaud, "La Vierge Folle", Une Saison en Enfer, 1873

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Valentine,

Je ne peux résister à la tentation de t'écrire un petit mot... Crois-tu vraiment que c'est un signe? D'ailleurs qui choisit les thèmes, hein?!
Alors.. même s'il te disait oui ; tu lui dirais non?! ça c'est vraiment les filles!
Je peux te l'avouer maintenant, je rêve d'être sa poupée et de fermer les yeux qd il me couche ou de dire maman s'il me touche.

Et tout ça, d'autant plus depuis que je sais à quoi il ressemble. Valentine, souviens-toi, c toi qui m'a donné la piste de ce regard pers que j'aimerai tellement voir se déposer sur mon corps un de ces rdv dominical.

Alors que j'imaginais un homme un peu bouboule, au visage bien rond et surtout aux yeux marrons. Je découvre grâce à Bonnaud, un homme aux yeux doux et malicieux.

À partir de la semaine prochaine on devra se contenter de rediffusions?! l'été va être long!

Bien à toi,
Val pour Valérie.

Anonyme a dit…

Chère Valentine,
Votre blog est vraiment un régal... J'adore vous lire et j'espère que la trêve estivale de la Panique ne sera pas pour vous une raison d'abandonner vos lecteurs! Mais comment se fait-il que Philippe C ne vous ait toujours donné aucun signe?
Au plaisir de vous lire et surtout ne lachez rien!
Antonin