24 novembre 2007

Enchantement, III



Au matin du septième jour, ayant bien profité du plaisir d’avoir sauvé France Inter et d’avoir restauré la République, je décidai de formuler enfin mon dernier vœu, le premier dans l’ordre de mon cœur. Depuis une semaine que j’y pensais, que je le retournais dans ma tête et n’y trouvais, décidément, qu’une source de joie et d’émerveillement, j’étais prête.
Fébrile, je fermai les yeux et prononçai tout haut les mots qui devaient me conduire au bonheur. Puis je rouvris les yeux sur le monde, sûre qu’il avait changé.
Le contact des draps était toujours aussi doux contre ma peau. Le jasmin posé sur la commode ne me semblait pas plus fleuri, et les murs blancs ne brillaient pas d’un éclat qui aurait pu annoncer une apparition. Les rideaux, à la fenêtre, faisaient ressortir le bleu étincelant du ciel, mais nul visage aimé ne s’y affichait. Qu’avais-je donc cru ?
Sans réfléchir, j’allumai la radio, et ne fus accueillie que par une publicité idiote vantant les mérites d’une compagnie spécialisée dans le recouvrement des impayés. Hébétée, je l’éteignis aussitôt et me recroquevillai légèrement entre les draps. Pourquoi diable ne se passait-il rien ?
J’attendis, j’attendis encore.
Rien.
Puis une lueur me vint : s’il m’avait suffi d’allumer la radio pour apprendre que mes deux premiers vœux avaient été exaucés, aucun flash spécial ne pourrait, cette fois-ci, dire au monde ce que j’espérais tant. C’était ailleurs que tout se jouerait, loin de mon lit – du moins dans un premier temps. Forte de cette nouvelle certitude, je me levai et me précipitai sur mon ordinateur, soudain certaine qu’un commentaire m’attendait, qui me dirait que faire. Hélas. Nul commentaire, ni rien non plus sur mon téléphone, que j’éteignis et rallumai pourtant quatre fois de suite pour être sûre qu’il fonctionnait bien. De désespoir, j’ouvris avec fracas les fenêtres et les portes mais ne trouvai personne qui s’y serait caché à m’attendre. J’étais seule.
Deux heures plus tard, je l’étais toujours, et mon portable aurait dû fondre sous le coup des vérifications incessantes et compulsives que je lui avais infligées en vain. Folle de chagrin, je me jetai sur mon canapé en pleurant toutes les larmes de mon corps. Qu’avais-je fait pour mériter pareille cruauté ? Maudissant la bonne fée qui s’était changée en sorcière, le visage baigné de larmes amères, je finis par sombrer dans un demi-sommeil hanté de mauvais rêves.
Ce fut la sensation d’une caresse sur ma cheville qui m’en tira. D’abord, je ne voulus pas y croire, encore toute à mon rêve agité. Mais c’était bien une main douce, chaude et assurée qui effleurait ma peau et remontait lentement le long de ma jambe nue, faisant naître en moi de délicieux frissons. Je résistai à la tentation d’ouvrir les yeux, de peur que le charme ne se rompe, et m’abandonnai entièrement à l’exquise torture à laquelle me soumettait cette main inconnue. Je savais qui se cachait derrière elle. Un seul homme sur la terre était capable de me faire ainsi vibrer, d’embraser mes sens d’une seule caresse, de me conduire aux portes du plaisir rien qu’en soufflant sur ma peau nue pour attiser le feu qui me consumait. Quand la main s’amusa à frôler le repli secret de mon genou, là où la peau était si sensible, puis glissa un peu plus haut sur ma cuisse, s’immisçant doucement sous ma jupe, une onde de chaleur s’insinua en moi, remontant comme une flamme jusqu’à mon sexe brûlant de désir. Si la main s’aventurait plus haut, j’allais défaillir. Si elle s’arrêtait là, j’allais devenir folle…
Ce fut à cet instant que je me réveillai, haletante.
Ce n’était qu’un rêve.
Pourtant, malgré le trouble dans lequel il m’avait précipitée, j’eus très vite le sentiment qu’il n’était pas survenu par hasard. Ce rêve me disait d’aller au bout de mon désir, d’aller trouver ces mains qui m’enflammeraient. Et soudain, comme par miracle, je sus où je trouverai le doux objet de mes vœux.
Une heure plus tard, je sirotais une coupe de champagne au bar de l’Hôtel du Louvre, ignorant le regard lourd de désir des hommes qui m’entouraient. Je n’aurais d’yeux que pour Lui, et je savais qu’Il viendrait. Une heure passa, puis deux. Enfin, quand le serveur vint me demander si je désirais une troisième coupe, je dus me rendre à l’évidence. Dissimulant à grand peine ma déception, je déclinai sa proposition et repris tristement le chemin de ma maison. J’étais si sûre, pourtant, qu’Il viendrait…
Chez moi, nul message ne m’attendait, et je me laissai tomber avec un grand soupir sur le canapé où j’avais si bien rêvé. Sans y penser, j’allumai la radio et fus soudain frappée de stupeur en entendant la chanson qui y passait à cet instant précis :

Mon enfant,
Il vous faut oublier à présent ces fantasmes démoralisants
Et vous rencontrerez un charmant va-nu-pieds ou un prince mendiant
Mais, de grâce, oubliez cet hymen insensé !

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Moi qui attendais un signe, les paroles de la fée des Lilas me foudroyèrent le cœur. Et me laissèrent comme morte. Ainsi, mon vœu était si insensé que nulle magie ne saurait l’accomplir ? Mon amour si fou qu’il n’avait aucune chance sur la terre ?
Comment aurais-je pu vivre après cela ?
Mais avant de partir, j’allais Lui dire enfin le vrai de mon cœur, j’allais Le forcer à m’entendre, Lui qui fuyait depuis si longtemps. Assez des messages sans réponse, assez des billets lancés à la mer, assez du silence, assez ! J’allais faire ce que je m’étais toujours refusée à faire, j’allais Lui écrire directement, sans plus me dissimuler derrière des mots que d’autres que Lui pouvaient lire. Une lettre, qui ne s’adresserait qu’à Lui. Ensuite, seulement, je partirai.
Étrangement soulagée par cette décision, je me connectai à mon compte valentineaimephilippe@yahoo.fr, qui était resté désespérément désert depuis que je l’avais créé. Deux fois seulement, j’avais cru avoir reçu un message à cette adresse, et deux fois, mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine, avant de se fendre en mille morceaux quand j’avais constaté qu’il ne s’agissait que de spams. De Lui, je n’avais jamais rien reçu, et cette adresse que je ne consultais plus allait au moins servir de tombeau à notre amour.
Je cliquai sur l’icône « Valentine » afin d’activer cette funeste messagerie, et soudain, le monde entier se mit à vaciller autour de moi.

J’avais un message.
Daté de la veille.

Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour, annonçait l'en-tête, et, le cœur battant, je cliquai sur le message.

Lui : Je ne savais pas que tu m’aimais
Elle : En êtes-vous certain désormais ?
Lui : Il aura suffi d’un anneau d’or
Elle : Il aura fallu qu’on nous jette un sort
Eux : Mais qu’allons-nous faire

De tant de bonheur
Le montrer ou bien le taire?
Tous deux nous feront de notre vie
Ce que d’autres n’ont jamais su faire
Nos amours resteront légendaires
Et nous vivrons longtemps après la vie


Philippe.


FIN





Frederico Fellini, La Dolce Vita, 1960
Michel Legrand, "Conseils de la Fée des Lilas" et "Rêves secrets d'un prince et d'une princesse", Peau d'Âne, 1970

19 novembre 2007

Enchantement, II

Cher Philippe,


Au matin du deuxième jour, je me réveillai avec des rêves plein les yeux, encore sous le charme du songe qui m’avait ravie en me laissant croire qu’une bonne fée s’était penchée sur moi et m’avait offert d’exaucer mes trois vœux les plus chers. Encore ensommeillée, je tendis la main pour allumer la radio, et découvris avec stupéfaction que je n’avais pas rêvé. Le premier vœu que j’avais formulé s’était bel et bien réalisé, et France Inter était redevenu le refuge des voix chères qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Exaltée, je me redressai dans mon lit et prononçai à voix haute le deuxième de mes vœux.
Et voici ce qui arriva :


Un flash spécial interrompit soudain l’excellente émission de Vincent Josse qui occupait désormais toute la tranche du 9-11, et attira mon attention. Nicolas Sarkozy avait été retrouvé baignant dans une mare de sang, dans la salle de bains aux robinets chromés de l’Elysée. Les premiers éléments de l’enquête avaient permis de conclure à une mort accidentelle des plus stupides. Alors que le chef de l’Etat ( ?) se rasait en écoutant les informations d’Europe 1, sa main avait dérapé lorsque Jean-Pierre Elkabbach avait annoncé d’une voix funèbre qu’en dépit des excellentes propositions qu’avait faites Nicolas Sarkozy pour sortir de la crise qui paralysait le pays par la faute d’une poignée d’irresponsables égoïstes, la prise d’otage dont le pays tout entier était la victime innocente depuis quelques jours ne semblait pas prête de finir. Sans doute ivre de rage devant ce camouflet qui lui était infligé, le président ( ?) avait mimé la manière dont il comptait bien trancher dans le vif pour libérer le pays de cette chienlit qui le rongeait depuis trop longtemps. Las, il avait oublié qu’il tenait à la main un rasoir de qualité supérieure, et la seule folie qu’il trancha fut la sienne.
Aussitôt, l’état d’urgence fut décrété, et les Français découvrirent bientôt que, Nicolas Sarkozy disparu, la France était livrée à elle-même. Les membres du gouvernement furent bien forcés d’admettre qu’ils n’avaient été recrutés que pour donner le change, et qu’ils n’avaient aucune idée de la manière dont ils pourraient gouverner le pays, à présent que leur mentor n’était plus. Dans un bel élan de solidarité comme on n’en avait plus vu depuis longtemps, les députés décidèrent eux-mêmes de dissoudre l’Assemblée, dont la composition abracadabrantesque sautait désormais aux yeux et ne s’accordait pas avec l’ardeur démocratique, qui, au même moment, s’élevait en grondant à travers tout le pays.
Partout, dans les villes et les campagnes, on assistait au même spectacle réjouissant : main dans la main, les citoyens s’attaquaient à la chape de plomb réactionnaire qui avait failli tuer dans l’œuf le contrat social, et réclamaient le retour à l’ordre républicain, le vrai. Ceux des médecins qui, depuis quelques années, avaient eu la fâcheuse habitude de confondre la santé publique avec une poule aux œufs d’or, ceux qui avaient refusé de soigner les bénéficiaires des minima sociaux, étaient reconduits aux frontières vers les el dorado qu’ils avaient tant aimé prendre en exemple. Les autres, la grande majorité, rassemblés derrière Martin Winckler et Patrick Pelloux, redessinaient la carte de France de la santé, décrétée d’absolue utilité publique, au même titre que l’énergie, le logement, l’éducation et les transports. Un nouveau parti émergea rapidement à partir des réseaux dormants de la résistance républicaine et démocratique, et bientôt, de nouvelles élections furent organisées.
L’UMP ne put présenter aucun candidat, décapité qu’elle était par la mort de son chef qui avait été enterré à la hâte au cimetière de Neuilly – les protestations de quelques hurluberlus réclamant que leur chef fût enseveli avec les honneurs en un lieu à sa taille furent balayées d’un revers de main, et en fait de sarcophage monumental aux Invalides, Nicolas Sarkozy eut droit à une dernière demeure exactement à sa mesure, 1m 67. Au PS, l’incapacité des éléphants à s’accorder sur un candidat en moins de cinq ans priva ses membres, peu nombreux il est vrai, de représentation, et l’élection fut remportée sans aucune difficulté par le nouveau parti qui venait d’émerger, nommé le Fil RSS, le Fil de la République Sociale et Solidaire.
Le Fil RSS avait la particularité d’être dirigé collégialement, et ce fut donc un collège de sages qui s’installa à l’Elysée, parmi lesquels siégeaient toutes les personnes de bonne volonté susceptibles de renouveler le contrat social en assignant à l’Etat la mission première et inaliénable de garantir à tous l’égalité, la liberté, et la solidarité.
Ce qui fut fait.


Enchantée par la bonne fortune que nous allions désormais connaître collectivement, je décidai de prendre un peu de repos avant de prononcer mon troisième vœu, le premier dans l’ordre de mon cœur. J’avais sauvé France Inter du naufrage, j’avais restauré la République, je me sentais en droit d’utiliser mon premier vœu pour moi, uniquement pour moi, et avant de prononcer les mots qui allaient m’apporter ce dont je rêvais depuis si longtemps, il me fallait bien réfléchir à la meilleure façon de les formuler, afin que mon vœu se réalise aussi de la meilleure façon qui soit.


A suivre…


Gustave Moreau, La fée aux griffons, fin XIXème siècle, Musée G. Moreau, Paris.

18 novembre 2007

Enchantement, I

Cher Philippe,

Comme j’écoutais religieusement ta voix égrener ses dernières notes dans le poste, ce matin, rêvant à la magie blanche et au philtre d’amour qui m’ouvriraient enfin les portes de ton cœur, ma chambre fut tout à coup illuminée par un éclair aveuglant, et quand je recouvrai enfin la vue, elle était là qui se tenait, merveilleuse apparition, au pied de mon lit.
Une femme d’une beauté irréelle, comme nul homme n’en avait jamais vue. Elle avait un visage d’une exquise délicatesse, avec de longs cheveux soyeux qui lui tombaient sur les épaules comme autant de fils d’or, et des yeux aussi étincelants que le diamant le plus pur. Son corps, aérien et sublime, se faisait la promesse d’un éblouissant rêve. Tout son être composait un labyrinthe parfait où je ne demandais qu’à me perdre. Et quand elle entrouvrit les lèvres, les paroles qui s’en envolèrent furent un complet ravissement :

Valentine, je viens, touchée de ta complainte,
Soulager la tristesse que tu n’as jamais feinte.
Tu l’as tant mérité, aussi je te promets,
Moi qui du monde entier suis la belle maîtresse,
D’exaucer pleinement les trois premiers souhaits
Que depuis si longtemps je sais que tu caresses.
Vois ce qui peut te rendre heureuse.
Vois ce qui peut te satisfaire.
Et comme ton bonheur dépend tout de tes vœux,
Songes-y bien, fillette, avant que de les faire.

Puis elle disparut, me laissant ahurie devant tant de bonté.
Je restai de longues minutes au creux de mon lit, caressant chaque vœu que je pourrais former, hésitant encore et encore, tout d’abord incapable d’arrêter quelque choix. Le premier de ces vœux m’apparaissait clairement, mais je voulais pouvoir le garder pour la fin. Je savais, du deuxième, quel serait son sujet, mais il me paraissait complexe à énoncer. Me restait le troisième, qui me prit plus de temps.
Enfin, je les tins tous, et pus les formuler.
Et voici ce qui se passa lorsque je prononçai le dernier de ces vœux :

Calvi fait immédiatement mieux (0,1 point de plus, ndlr) que ce que faisait Bonnaud, Jean-Paul Cluzel, 15 novembre 2007, JDD, commentant les derniers résultats de l’audience de France Inter.

Alors qu’il prononçait cette phrase, Cluzel fut soudain pris de convulsions, tandis que des crapauds s’échappaient de sa bouche en un ignoble flot qui menaçait de ne jamais s’arrêter. Je choisis cet instant pour apparaître, et lui révéler l'antidote dont je détenais seule le secret: s’il voulait que le sortilège prît fin, il devrait remercier Calvi, redonner les pleins pouvoirs à Bonnaud et sa bande et ne plus jamais s’immiscer dans la programmation, sous peine que les couleuvres, celles-là même qu’il nous avait fait avaler depuis si longtemps, ne rejaillissent de sa bouche.
Terrorisé, il tint sa promesse, et fit même mieux. Bernard Guetta, Bécasse Schneck, Isabelle Giordano, Isabelle Jeanperrin et Jean-Marc Sylvestre furent aussitôt interdits d’antenne, bientôt rejoints par Valli, Stéphane Paoli et Pierre Weil. Nicolas Demorand fut autorisé à rester, à la condition expresse qu’il arrête de crier dans le poste.
Satisfaite, je pus de nouveau régler mon transistor sur la fréquence que je n’avais, au fond de mon cœur, jamais cessé d’aimer.
Puis je décidai de me reposer un peu avant d’énoncer mon deuxième vœu.

A suivre...

Valentine



Delphine Seyrig et Catherine Deneuve,
Peau d'Âne, Jacques Demy, 1970

14 novembre 2007

Mauvaise foi

Cher Philippe,

Ce matin, c'était la grève, et, tu le sais, les jours de grève, on doit être pris en otage par d'odieux syndicalistes cruels et prêts à tout, sinon cela veut dire que la grève n'a pas vraiment eu lieu, ou que c'est une grévette, une grève dont tout le monde rigole.
Or, le mercredi, il se trouve que je travaille chez moi, si bien que je risquais de passer à côté de ma prise d'otage obligatoire. Aussi me suis-je forcée à deux choses :
Primo, je suis restée au lit bien plus tard qu'à l'accoutumée, afin que pour moi aussi, aujourd'hui, la journée de travail et ses horaires soient bien chamboulés.
Secundo, et cela m'a coûté, j'ai décidé, tandis que je profitais de quelques minutes encore pour me prélasser dans mon lit, d'allumer ma radio sur France Inter. Tu le sais, je n'écoute plus France Inter le matin depuis des semaines (et plus du tout, en fait, sauf le dimanche), mais ce faisant, j'ai eu le sentiment d'être solidaire des otages qui ne devaient pas manquer d'encombrer les quais des gares et des stations de métro : bringueballée sans comprendre, attendant qu'il se passe enfin quelque chose, ne sachant jamais si je finirais par arriver à destination.
Prisonnière d'enjeux qui me dépassaient.
Car figure-toi, cher Philippe, qu'un débat fondamental se jouait ce matin sur France Inter. Et un débat conduit avec la plus grande rigueur, entre Franz-Olivier Giesbert et Christophe Donner, le tout à peine arbitré par un Vincent Josse qu'on avait connu mieux inspiré.
Je ne te rapporterai pas leurs propos, tant ils étaient ineptes, il suffira que je dise que Donner accusait Giesbert de ne pas avoir voté pour lui pour le Renaudot, et d'avoir mené une cabale destinée à empêcher tout auteur estampillé Grasset de parvenir aux honneurs tant désirés. J'ai rarement entendu débat si consternant, et ce n'est pas faute, pourtant, d'avoir beaucoup entendu BHL et Finkelkraut s'exprimer sur les ondes ces derniers temps- eh oui, même sur Radio Classique.
Mais le plus insupportable, ce n'était peut-être pas d'entendre ce vieil assis de Giesbert s'empêtrer dans des arguments totalement fallacieux et tenter d'en sortir par de ridicules éclats paternalistes des plus déplacés - qu'aurais-je pu attendre d'autre de la part d'un écrivailleur si médiocre ? Non, ce qui était le plus insupportable, c'était de voir Christophe Donner se laisser prendre au piège que lui tendait Giesbert. Non que j'aime particulièrement Donner - ses chroniques du Monde 2 m'énervent le plus souvent, mais enfin, il a un ton qui a le mérite de trancher un peu sur celui, aseptisé, de ses aînés. Sauf que ce matin, il avait surtout le ton de celui qui se laisse avoir, qui le sait, et qui aime ça, parce qu'il sait qu'ainsi, il sera reconnu dans la cour des aînés, ceux qu'il aimerait déjà pousser dans la nuit de la critique.
Et alors qu'au départ, j'avais l'impression d'entendre l'homme de bonne foi, Donner, se laisser prendre par le vieux filou à la rhétorique bien trop exercée, j'ai fini par entendre toute autre chose. C'était Donner qui menait le jeu. Qui lançait la polémique, et qui en profiterait - par un bond significatif des ventes (jurisprudence Houellebecq), et, un peu plus tard, par la publication du récit de la polémique (jurisprudence Angot).
A cet instant, je dois bien l'avouer, j'ai eu envie d'écraser ma radio à coups de massue, et afin de ne pas céder à cet instinct primaire et bestial, je me suis levée. Juste à temps, aussi, pour ne pas entendre l'insupportable voix d'Isabelle Giordano annoncer l'arrivée de la non moins insupportable Bécasse Schneck, ce qui m'aurait, à coup sûr cette fois, forcée à massacrer mon poste.
Demain, cher Philippe, la grève continuera peut-être, et dans ce cas, j'enfourcherai mon vélo pour me rendre dans les locaux de la sinistre entreprise qui m'emploie à m'étioler. Mais, c'est juré, je ne me laisserai plus prendre en otage par le service minimum de la radio publique.
Sauf le dimanche, cela va sans dire, où je succomberai volontiers au syndrome de Stockholm de 11 heures à midi.

A toi pour toujours,


Valentine

Goya, Saturne dévorant ses enfants, Madrid, Musée du Prado, c. 1821.

11 novembre 2007

La rencontre subtile de deux solitudes



L'amour est avant tout la rencontre subtile de deux solitudes.
(Philippe Collin, dimanche 11 novembre, 11h20, France Inter)

En ce cas, cher Philippe, qu'attends-tu?

A toi pour toujours,

Valentine



Giotto, Noli me tangere (détail), chapelle Scrovegni, Padoue, c. 1304.



04 novembre 2007

Revue de presse

Paris, 4 nov 2007 (AFP) - Anniversaire de l’émission Panique au Mangin Palace.
Le 23 décembre 2007, l’émission "Panique au Mangin Palace", présentée en direct chaque dimanche de 11h00 à 12h00 sur France Inter, célébrera son centième numéro. Son animateur vedette, Philippe Collin, annonce une émission spéciale, ponctuée par de nombreuses surprises.

Portrait


Philippe Collin, 33 ans. Depuis le temps que ses imparables saillies nous font rire sur France Inter, on aurait presque l’impression de le connaître par cœur. Erreur : derrière le trublion se cache un vrai séducteur.


Philippe Collin nous donne rendez-vous au Zebra Square, juste en face de la Maison de la Radio. Ils se la pètent un peu, nous prévient-il au téléphone, mais ça a l’avantage d’être tout près. Il a raison. On a juste le temps de s’installer qu’on le voit débarquer, tout sourire et les cheveux en bataille, et on tombe sous le charme. On le lui dit, il rit, avant de répliquer qu’on n’a encore rien vu, et qu’on sera fou amoureux au moment de se quitter, ça fait toujours ça. Nous, on attend de voir, mais on est d’accord sur le principe. Justement, des amoureuses, il doit en avoir beaucoup, non ? Cette fois, le sourire se fait plus poli, ferme : si on parlait plutôt de son travail ? OK.

Presque cent émissions de la Panique au Mangin Palace au compteur, comment fait-il pour garder le rythme ? Pour se renouveler ? Pour rester incisif, et drôle ? La faute aux autres, il paraît. Faut dire qu’il l’aime, sa bande de doux-dingues. Ne les remercie-t-il pas chaque semaine à l’antenne, les Mauduit et consort, sans qu’on n’ait jamais l’impression qu’il se force ? Mais quand même, on insiste, c’est bien lui le chef, non ? L’instigateur ? Ça a l’air de le faire marrer, cette formule. C’est le genre de trucs qu’on peut penser de l’extérieur, mais entre nous, ça n’a jamais fonctionné comme ça. C’est plutôt comme une grande cour de récré, on s’amuse tous à des trucs différents, et puis quand l’un des jeux prend le dessus, tous les autres viennent s’y greffer, parce que c’est là que ça se passe. On mutualise les vannes et les idées, en fait.

Un phalanstère fouriériste, en somme – pas étonnant, c’est du vrai service public. Bon, et ce numéro cent, le 23 décembre, on doit s’attendre à quoi ? Le regard se met à pétiller, et cette fois, on fond littéralement. Si je vous le disais, ce ne serait plus une surprise. Trop facile, Philippe. Y’aura des paillettes ? Des filles nues (super radiophonique) ? Des invités surprise en studio ? Des fans ? Quelque chose nous dit qu’on touche un point sensible. On s’est laissé dire que Bonnaud pourrait venir faire un tour pour la centième, vous confirmez? Petit sourire mystérieux, vous verrez bien. Et les rumeurs sur la venue d’une certaine Valentine, info ou intox ? Cette fois, une petite moue agacée remplace le sourire : on avait dit qu’on ne parlait pas de ma vie privée.


Message reçu. En tout cas, le 23, on sera derrière notre poste, promis juré.



France Inter. La première station du groupe Radio France se lance dans l’événementiel.

La première station du groupe Radio France se lance dans l’événementiel. Décidée à booster des résultats en stand-by, la chaîne mise sur l’interactivité et l’entertainment pour regagner des parts de marché. Philippe Collin a été missionné pour finaliser un contenu plus impactant, dont sa nouvelle ligne sera opérationnelle le 23 décembre 2007.