18 novembre 2007

Enchantement, I

Cher Philippe,

Comme j’écoutais religieusement ta voix égrener ses dernières notes dans le poste, ce matin, rêvant à la magie blanche et au philtre d’amour qui m’ouvriraient enfin les portes de ton cœur, ma chambre fut tout à coup illuminée par un éclair aveuglant, et quand je recouvrai enfin la vue, elle était là qui se tenait, merveilleuse apparition, au pied de mon lit.
Une femme d’une beauté irréelle, comme nul homme n’en avait jamais vue. Elle avait un visage d’une exquise délicatesse, avec de longs cheveux soyeux qui lui tombaient sur les épaules comme autant de fils d’or, et des yeux aussi étincelants que le diamant le plus pur. Son corps, aérien et sublime, se faisait la promesse d’un éblouissant rêve. Tout son être composait un labyrinthe parfait où je ne demandais qu’à me perdre. Et quand elle entrouvrit les lèvres, les paroles qui s’en envolèrent furent un complet ravissement :

Valentine, je viens, touchée de ta complainte,
Soulager la tristesse que tu n’as jamais feinte.
Tu l’as tant mérité, aussi je te promets,
Moi qui du monde entier suis la belle maîtresse,
D’exaucer pleinement les trois premiers souhaits
Que depuis si longtemps je sais que tu caresses.
Vois ce qui peut te rendre heureuse.
Vois ce qui peut te satisfaire.
Et comme ton bonheur dépend tout de tes vœux,
Songes-y bien, fillette, avant que de les faire.

Puis elle disparut, me laissant ahurie devant tant de bonté.
Je restai de longues minutes au creux de mon lit, caressant chaque vœu que je pourrais former, hésitant encore et encore, tout d’abord incapable d’arrêter quelque choix. Le premier de ces vœux m’apparaissait clairement, mais je voulais pouvoir le garder pour la fin. Je savais, du deuxième, quel serait son sujet, mais il me paraissait complexe à énoncer. Me restait le troisième, qui me prit plus de temps.
Enfin, je les tins tous, et pus les formuler.
Et voici ce qui se passa lorsque je prononçai le dernier de ces vœux :

Calvi fait immédiatement mieux (0,1 point de plus, ndlr) que ce que faisait Bonnaud, Jean-Paul Cluzel, 15 novembre 2007, JDD, commentant les derniers résultats de l’audience de France Inter.

Alors qu’il prononçait cette phrase, Cluzel fut soudain pris de convulsions, tandis que des crapauds s’échappaient de sa bouche en un ignoble flot qui menaçait de ne jamais s’arrêter. Je choisis cet instant pour apparaître, et lui révéler l'antidote dont je détenais seule le secret: s’il voulait que le sortilège prît fin, il devrait remercier Calvi, redonner les pleins pouvoirs à Bonnaud et sa bande et ne plus jamais s’immiscer dans la programmation, sous peine que les couleuvres, celles-là même qu’il nous avait fait avaler depuis si longtemps, ne rejaillissent de sa bouche.
Terrorisé, il tint sa promesse, et fit même mieux. Bernard Guetta, Bécasse Schneck, Isabelle Giordano, Isabelle Jeanperrin et Jean-Marc Sylvestre furent aussitôt interdits d’antenne, bientôt rejoints par Valli, Stéphane Paoli et Pierre Weil. Nicolas Demorand fut autorisé à rester, à la condition expresse qu’il arrête de crier dans le poste.
Satisfaite, je pus de nouveau régler mon transistor sur la fréquence que je n’avais, au fond de mon cœur, jamais cessé d’aimer.
Puis je décidai de me reposer un peu avant d’énoncer mon deuxième vœu.

A suivre...

Valentine



Delphine Seyrig et Catherine Deneuve,
Peau d'Âne, Jacques Demy, 1970

4 commentaires:

Anonyme a dit…

aaaaargh, quel suspense... vivement dimanche (prochain) pour la suite

(j'ai choisi anonyme par défaut mais en fait c'est Laetitia :) )

Anonyme a dit…

Valentine se dévoile peu à peu... il y a quelques jours, elle décidait d'enfin montrer sur ce blog une mèche de ses cheveux et un sourire... hier, elle révélait l'adresse du blog à une vraie amie (cette Laetitia, jeune femme délicieuse elle aussi) n'est pas juste une fan de blog, c'est une vraie amie... Est-ce l'énergie du désespoir qui la pousse à agir de la sorte ? Philippe... ce matin, tu as dis "surtout, surtout, ne lâchez rien". Cet ordre scandé deux fois, était-ce pour pousser Valentine à poursuivre ? ou te convaincre toi-même de continuer à ignorer avec superbe cette Valentine qui écrit son amour pour toi chaque semaine et me l'explique jour ?

Anonyme a dit…

Si vous pouviez ajouter Stéphane Bern à la liste de ceux qui devraient partir... ce serait parfait !

Anonyme a dit…

Chère Valentine, veuillez croire à ma sincère commisération en ce jour de grève sur France Inter.
Car Jean-Marc Sylvestre, Nicolas Demorand, Brigitte Jeanperrin, Bernard Guetta, et autre Isabelle Giordano ont eu droit à la parole malgré cette grève.
Maigre consolation : Bécasse Schneck a eu le bec cloué.
Cordialement.