06 janvier 2008

Etrange et doux effroi


Extase ! Ivresse inassouvie,
Étrange et doux effroi !
Mon reflet, mon âme et ma vie,
À toi, toujours à toi !

Mon amoureux,

Dans ton bel élan de ce matin, tu as oublié la plus palpitante des peurs, celle des cœurs amoureux, celle des amants désunis, celle qui me fait frémir lorsque je pense à toi, et au jour où, enfin, tu me laisseras venir à toi.
À pas lents, je m'avancerai vers toi et je baisserai les yeux, effrayée, troublée, émue. L'immensité de l'amour que nous serions sur le point de faire me transformerait soudain en petite fille, j'aurais tout oublié de ce qui ne serait pas toi, il n'y aurait plus personne avant toi, et je tremblerais comme une feuille, déchirée entre mon désir grandissant et la crainte de te décevoir, de n'être pas à ta hauteur.
Alors, d'une main douce, tu relèverais mon visage, puis tu poserais tes lèvres brûlantes sur les miennes.

Quelle folie ! Quel excès !

Tu apaiserais ma crainte. Naîtrait alors en moi, en nous, un étrange et doux effroi, bien plus troublant, stupéfiant, cet effroi insensé dans lequel je voudrais me perdre avec toi jusqu'au bout de la nuit.
Jusqu'au bout de la vie.

À toi pour toujours,


Valentine


Offenbach, Les contes d'Hoffmann, Acte IV, 1881.
Rembrandt, Suzanne au bain (détail), 1634, La Haye

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette peur que Philippe a évoqué ce matin, cette peur qui, tel l'Amour, donne des ailes et rend possible toutes les audaces du coeur comme du corps, était, je n'en doute pas un instant, une perche qu'il vous a tendue pour recueillir votre effroi.

Oui, je suis certain que depuis ce matin il attend cela de vous, qu'il n'a écrit cette Panique que pour cette douce terreur, ce formidable frisson, cette sourde clameur de passion et d'abandon qu'avec brio vous lui livrez.

En 2008, c'est sûr, Valentine ne sera pour Philippe plus fortuite !

Anonyme a dit…

Damned ! j'ai oublié l'apostrophe...

Chère Valentine,

Etc.

Voilà qui est corrigé.