15 juillet 2007

J'étais derrière toi

Cher Philippe,


Les vacances, c'est bien quand on en a. Le reste du temps, on s'ennuie. Tu me manques, je n'ai pas allumé ma radio depuis des semaines, et en attendant, le 21 juillet, la sortie d'Harry Potter and the Deathly Hallows, je m'ennuie. Alors je lis, parce que c'est encore ce que je sais faire de mieux, et voilà que je viens de dévorer J'étais derrière toi, de Nicolas Fargues - comme tu l'aurais dit en mauvais garçon: 217 pages, chez POL, pour 17 euros.
Eh bien vois-tu, cher Philippe, c'est le genre de livre qui fait tout bizarre à l'intérieur, et qu'on se prend en pleine gueule, tellement il semble avoir été écrit pour soi. Une histoire de couple qui se sépare, une de plus, comme on en a lues mille fois, mais c'est pourtant celle-là qui fait mouche, et qu'on retient. Une manière assez sadique de passer ses propres bassesses au crible, et de les avouer. Avouer l'inavouable, se peindre soi-même comme une larve, avec tout ce que l'aveu d'écriture a d'hypocrite, parce que si on lit, c'est déjà qu'on pardonne, mais aveu tout de même, et aveu qui dérange, en plein à la manière du Roman russe d'Emmanuel Carrère.
Je voudrais t'en citer mille passages, mais le mieux est encore que tu ailles le lire, et que tu me dises si tu te reconnais en cet homme qui a attendu la trentaine pour souffrir. Ou plutôt, pour découvrir que je pouvais souffrir comme tout le monde et que ma soi-disant distance en toute circonstance, purement théorique, purement idéaliste, purement littéraire, que tout ça ne faisait pas le poids face à un vrai coup dans la gueule bien banal, franc et massif. La trentaine pour devenir un adulte, en fait. Tu sais, les vrais problèmes, je n'en avais jamais vraiment eu. Je ne suis pas un enfant traumatisé, il n'y a rien d'objectivement dramatique dans mon histoire. Je n'ai pas été abandonné, je n'ai pas été violé, pas battu, mes parents ne se sont pas foutu sur la gueule devant moi, mon père a tué personne, il a pas été en prison, il buvait pas, ma mère a pas fait la pute pour me nourrir, j'ai pas été témoin d'horreurs, de meurtres, de génocides, de déportation ou de trucs de ce genre. Mon histoire, elle est parfaitement banale, bourgeoise.

En somme, une histoire universelle, celle des gens sans accident.

A toi pour toujours,

Valentine


L'illustration est une photo d'Hans Bellmer


7 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Valentine,

Effectivement très bon ce roman, et surtout, à mon avis, il vieillit bien... car je l'ai lu au moment de la sortie, du battage médiatique, quand Nicolas Fargues minaudait sur tous les plateaux télé devant les journalistes qui lui demandaient, alléchés par le parfum de scandale, "mais c'est vrai, c'est autobiographique ?". C'était un peu indécent cette grande parade et ça ne mettait pas en lumière les meilleurs côtés du livre : son mélange de violence et de douceur, de désespoir et de foi en l'amour. Pour moi, parmi les contemporains, rien ne vaut "Je l'aimais" d'Anna Gavalda : pudique et intelligent, une réflexion sur le divorce sans prise de parti, sans réponse définitive et profondément émouvante. A lire absolument, si ce n'est déjà fait...
Quant au dernier HP, moins d'une semaine à tenir, désormais !

Anonyme a dit…

bonjour valentine,

un petit mot pour encourager votre entreprise que j'ai découverte un jour de manque de la voix du Mauvais Garçon. Je cherchais une émission que je n'aurais pas encore écoutée, un blog, bref n'importe quel truc sur lui, et je suis tombée sur "Je suis amoureuse.....", malgré sa dégooglarisation récente.
Eh oui, moi aussi, j'ai succombé (enfin, toutes proportions gardées, )et moi aussi mon Philippe Collin est forcément et définitivement brun.
Comme Antoine Doinel, quand j'aime quelqu'un, j'aime bien aimer sa famille avec. Je ne sais plus qui j'ai aimé en premier, de La Bande à Bonnaud ou de Philippe, mais l'ensemble me manque terriblement.

En attendant de meilleurs temps radiophoniques

Bien à vous

Valentine a dit…

Chère Kalliope,

je vais donc essayer 'Je l'aimais' - en réalité, je n'ai pas adoré les autres titres de Gavalda, mais votre commentaire me donne envie d'y aller faire un tour. Et puis, quelle meilleure occupation en cette estivale période, morte radiophoniquement?

Valentine a dit…

Merci Colimar de ce message, qui tombe à pic : rétrogradée en quatrième page, privée de Collin pendant les vacances, privée de Bonnaud à la rentrée, prise dans la torpeur de l'été, je me demandais justement, à un billet du centième post, si j'allais perséverer au-delà...
A bientôt sur ces pages, donc.

Valentine

Anonyme a dit…

Bon, ben moi je suis toujours d'accord avec Kalliope et je ne la contredirai pas sur le Fargues...
Dans la foulée, j'avais lu Rade Terminus que j'avais beaucoup aimé aussi...

Et à la même période (ils restent donc un peu associés pour moi! Va savoir pourquoi!), j'avais lu La théorie des Nuages de Stéphane Audeguy, que j'avais trouvé également très bon: rien à voir dans les thèmes mais une histoire de quête à assouvir assez magistrale (je n'en dis pas plus!): la fin manquait un peu de tenue par rapport au début mais vraiment très chouette!

Anonyme a dit…

Bon alors vais-je arriver à laisser un message aujourd'hui?
La dernière fois ça a bloqué, planté (des carottes ds mon jardin comme disait Voltaire!)!

Alors, je voulais intervenir sur "Je l'aimais". Valentine, qu'en penses-tu? Moi j'ai un problème avec ce livre. Et oui, j'ai eu certes du plaisir à le lire, mais.... je suis entièrement pas d'accord avec la conclusion!! puis-je en dire plus? pas pour l'instant j'imagine. Valentine où en es tu ds cette lecture? J'aimerais vraiment m'exprimer sur ce sujet.

Comment ça Voltaire n’a jamais dit ça ? « Cultivez votre potager » c’est à peu près pareil, non ? De toutes façons, Voltaire ne s’est jms mis à ma portée !

Portez vous bien et surtout ne lâchez rien !

nb : j'ai bien aimé la rediffusion de dimanche dernier.
Même en vacances, Philippe nous rappelle qu'il faut rester vigilant et alerte.

Je ne sais pas vous, mais, moi j'en avais pleuré quand on nous avait servi comme repas aux infos de 20:00 l'histoire de ce grand-père qui se faisait arrêter à la sortie de l'école.

En tout cas, le petit Philippe, il parle quand même un peu en direct non? il a bien dit "En ce dimanche 22 juillet, la Panique au Mangin Palace a décidé de te passer la rediffusion blabla des flics parce que 22!!"

Bon même en vacances Philippe me fait vibrer au milieu de mes pots de peinture le dimanche je souris à mon pinceau!

Bien à vous,
Val, pour Valérie.

Valentine a dit…

Chère Val,

J'ai commandé Je l'aimais, si Amazon me le livre à temps, il rejoindra la pile des 157 romans qui vont m'accompagner cet été...
Plus de détails à la rentrée, donc.