25 février 2007

Ma petite entreprise


Cher Philippe,

Tu as rondement mené ta petite entreprise, ce matin, et comme souvent, tu m'as bien réjouie sous ma couette : une collinade comme on n'aurait osé en rêver avec la première volute sonore - ce qui m'autorise à te le redire, you can ring my bell, où tu veux et quand tu veux ; des extraits qui font sourire et un rythme qui réussit une fois de plus à transformer le temps : de même qu'en certains lieux règnent des noveuros, en certaines ondes règne un novtemps. C'est notamment le cas le dimanche de 11h00 à midi : cela fait à peine dix minutes que l'on s'amuse aux douces dingueries de la Panique que déjà Philippe Collin prononce les mots qui fâchent : Voilà, fin du soixante-septième épisode, tout le monde descend.
A l'inverse, en novtemps, une chronique de Bernard Guetta peut durer jusqu'à une demi-heure. Et c'est encore le même principe qui préside à une expérience que tu as sans doute déjà faite : tu vas au théâtre voir une pièce qui dure quatre heures (en général, c'est au théâtre de la Colline, et ce sont tes amis qui t'y ont poussé, à moins que tu n'aies pris un abonnement un soir d'ivresse), la représentation commence à 19h30 (donc tu n'as pas eu le temps de manger auparavant, ce qui ne fait qu'ajouter à ton humeur exécrable), et alors que cela fait plus de trois heures que tu t'ennuies mortellement en te demandant pourquoi le putain d'entracte qui aurait dû te permettre de fuir sans être repéré n'a pas encore eu lieu, tu regardes ta montre, et il est 19h43. C'est ça, le novtemps. Alors tu comprendras que je préfère quand il s'exerce dans l'autre sens, en t'écoutant.
Pourtant, ce matin, j'aurais aimé que le plaisir dure encore un peu plus longtemps, afin d'en apprendre davantage sur ta petite entreprise : imagine, on aurait pu entendre Anne Delalande, la stagiaire la plus heureuse du monde (la seule?), décrire ce que ça fait de travailler avec toi, et suggérer à demi-mots que derrière le bateleur se cache un patron en or. Ou un tyran. Ou un amant exceptionnel...
Ce matin, tu aurais pu aussi balayer devant ta porte, ou devant celle du Parrain, et nous expliquer pourquoi il refuse obstinément de te confier les missions dont tu rêves : certes, tu as eu le droit à Dhorasso, mais ce n'est pas Clint Eastwood non plus, hein? Mais après tout, peut-être n'as-tu pas le bon signe astrologique, toi non plus. Espérons que tu l'auras la semaine prochaine, et que le Parrain te confiera la mission Emmanuelle Carrère - mille fois plus intéressant que l'inspecteur Harry.
Enfin, ce matin, tu aurais pu penser à tous ceux qui mènent leur barque tout seuls, et dont les entreprises, d'apparence parfois vaines, ne sont pourtant pas dépourvues d'intérêt. A l'instar de la petite entreprise que je te consacre du bout de ma plume, ici représentée.

Qu'importe. Mon dévouement, qui ne connaît point de bornes, continuera à s'exercer à ton endroit. Car je suis ta servante, Ecce ancilla Domini.


A toi pour toujours,

Valentine

Aucun commentaire: