08 décembre 2006

Disparition


Cher Philippe,

J'avais prévu de te parler de quelques vers du Cid qui me donnent à chaque fois que je les entends, et encore plus, à chaque fois que je les lis à haute voix, que je les passe au gueuloir comme disait Gustave, ces vers qui donnent, donc, le sentiment que, oui, le sublime existe :

Pleurez, pleurez mes yeux, et fondez-vous en eau,
La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau,
Et m'oblige à venger, après ce coup funeste,
Celle que je n'ai plus, sur celle qui me reste.

J'avais eu aussi envie de te parler de cet incroyable pastiche d'Angot, qui narre l'improbable rencontre de cette folle furieuse à la plume si lourde et de Doc Gyneco.

http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com (à la date du 30 novembre 2006)
C'est tellement bien fait que je n'ai d'abord pas vu la contrefaçon, et que j'ai failli appeler petite meuf - la fille qui bosse avec moi et dont je loue chaque jour l'existence, sans elle ce serait mortel - pour lui demander si elle savait qu'Angot kiffait Gyneco.
Mais une fois encore, je ne vais pas parler de ça, en tout cas pas maintenant, vu qu'un autre problème, autrement plus grave, vient de se présenter à moi :
la disparition de ce blog à ta gloire des archives du Net.
Si je nous trouve toujours sur blogger, en revanche, c'est mort sur google. Et je peux te promettre que j'ai fait mille fois le test, que j'ai essayé toutes les possibilités, celles qui fonctionnaient encore jusqu'à ce matin, et qui sont devenues caduques.
Autant te dire que mon post publicitaire de l'autre jour a été d'une efficacité rare.
C'est dramatique, tu en conviendras, parce que si on ne nous trouve plus sur Google, comment vas-tu faire pour me découvrir ?
Mais là n'est pas le pire. Car sais-tu seulement ce que j'ai pensé en découvrant l'affaire ? J'ai songé, j'ai honte de l'avouer mais il le faut, j'ai songé, mon amour, que tu étais tombé sur mes pages, que tu les avais haïes, et que tu les avais signalées comme étant illicites, les marquant ainsi d'un sceau d'infamie indélébile. Fébrilement, je me connectai le coeur battant, et découvris avec un soulagement indescriptible que ce n'était pas le cas. Ou qu'en tout cas, si censure il y avait eu, qu'elle n'avait pas visé l'objet, mais son exposition et la publicité y afferante - autrement dit, le disposifif officiel de censure des livres, tel qu'il existe en France, transposé au Net.
Fort, très fort...
N'empêche, je ne vais pas me laisser faire, et vais bien trouver un moyen pour remonter l'Everest du pays des lunettes de plongée.
Et quand ce sera fait, je pourrai t'expliquer, en toute quiétude, pourquoi Corneille ne fait pas un pli.

A toi pour toujours,

Valentine

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