25 décembre 2006

Fucking Christmas


Cher Philippe,

Le type qui a inventé Noël était sûrement de mèche avec celui qui a inventé la psychanalyse. Résultat, avant même d'y aller, tu sais que ça va être horrible, mais tu y vas quand même, parce que tu ne peux PAS ne pas y aller (33 ans de morale judeo-chrétienne ne se défont pas en un jour), et c'est au moins aussi atroce que ce que tu avais imaginé. Pire, même.
Heureusement, le même a aussi inventé la radio (qui permet de souffler pendant le marathon du marron), ses magiciens (toi, une fois de plus, grâce te soit rendue), le train (qui permet, in fine, de revenir à la vraie vie après le dit marathon, dans une vraie ville, avec des vrais gens, et pas que des pères Noël pendus aux fenêtres décorées d'immondes loupiottes). Il a aussi inventé les livres - bien pratiques pour rester deux heures dans son bain sans que ça paraisse louche -, d'ailleurs il a aussi inventé les bains (ah, le sauveur de l'humanité!), et leur version Maxi 45, les piscines, et enfin les baladeurs MP3, pour t'écouter : dans le train, en allant à la piscine, dans mon bain, à la table de Noël parce que de toute façon personne n'y écoute personne, alors personne ne risque de s'en offusquer.
Donc, si je résume, le seul problème, avec toi, c'est qu'on ne puisse pas te recevoir pour Noël.
Au début, je voulais dire 't'offrir pour Noël', mais si une telle chose était possible, jamais je ne concevrais de ne pas te garder pour moi. C'est un peu comme de parier un Banco, un Keno ou un Morpion avec quelqu'un que tu détestes, et de perdre : honorer ton pari, c'est risquer d'enrichir une personne que tu hais, ce qui est déjà affreux, mais en plus, avec la monstrueuse certitude que, là où jamais tu n 'as été foutue de dégotter un ticket gagnant, ou guère plus qu'un euro, ce ticket-là a, lui, toutes les chances d'être gagnant, et gros gagnant. C'est typiquement ce qu'en d'autres termes on pourrait appeler la double peine. Voire la triple : tu as perdu le pari, la face, et le sort.
Donc, si tu m'as bien suivie, si je pouvais t'offrir pour Noël, je te garderais pour moi, parce qu'avec ma chance, si je t'offrais à une autre (non merci, pas pour moi, mais, tu peux bien les offrir à une autre.... comme disait l'autre), tu serais bien foutu de l'aimer. Et ça, ce serait mille fois pire qu'un Noël pourri.
Ce serait si terrible que ça n'aurait de nom dans aucune langue.
Alors, sus à Noël et à ses sectateurs, haro sur la Française des Jeux, et vive toi, qui me sauves de tout le reste.

A toi pour toujours,

Valentine

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